Article publié le 04/02/2021

Notre équipe a eu le plaisir d'interviewer Nathaly Ianniello, journaliste spécialisée, qui fût conseillère au cabinet du Ministre de l'Environnement Corinne Lepage et auprès du WWF France. Plongeuse, nageuse et ramasseuse de déchets sur le littoral, elle est l'auteur de plusieurs ouvrages de vulgarisation écologique, notamment "Zéro plastique dans nos océans. Comment passer à l’action" (Edition Vagnon).

Pour quelle raison avoir consacré un livre à ce sujet ?

Je tente de bannir le plastique à usage unique depuis presque dix ans, mais autour de moi le déclic ne se faisait pas. Le problème d’un côté est mal connu et semble aussi insurmontable tant les quantités amoncelées sont énormes. Il y a une sorte de fatalisme dans la population française qui estime aussi que l’État n’a qu’à s’en charger. La méconnaissance des rouages européens de prise de décision politique n’arrange pas ce manque d’ambition à l’échelle personnelle.

J’ai voulu montrer l’ampleur des dégâts et les multiples voies pour résoudre ce fléau. Bien entendu, je fais le point sur les campagnes de récupération des déchets plastiques en mer, entre espoir et réussite !

Quelle est le principal obstacle à la connaissance du sujet ?

Il est d’abord technique et scientifique. Le public ne connaît pas les différentes familles de plastique, leurs origines, les méthodes de fabrication et leurs impacts écologiques et les techniques de recyclage. De même, quand on parle de plastique biodégradable. 

Ensuite, il est juridique. Personne ne comprend qui doit décider, légiférer ou pas, pour limiter l’usage des plastiques.

Pensez-vous que les consommateurs sont prêts à s’engager dans la lutte contre le plastique ?

En tous les cas, je donne tous les conseils pour supprimer et remplacer le plastique chez soi et présente des dizaines de cas de réduction drastique dans des entreprises, des collectivités locales, des communautés de travail. Les initiatives sont multiples dans beaucoup de pays et la R&D très performante, même en France. 

Nathaly Ianniello

Êtes-vous optimiste sur le sujet ?

La crise sanitaire actuelle aura permis de réduire les gaz à effet de serre, de prendre conscience de la vitesse de résilience écologique quand les activités économiques freinent, mais certainement pas de diminuer la consommation des plastiques à usage unique : des flacons de gel hydroalcoolique aux bouteilles d’eau amassées lors du premier confinement en passant par des dizaines de millions de masques jetables comportant du plastique. 

La société ne peut vivre sans plastique et les alertes d’urgence lancées par les océanographes, les écologistes, les biologistes de tous les continents ne suffisent pas à alarmer les populations occidentales.

Après avoir écrit le premier livre grand public sur la submersion par le plastique, voici un guide très complet, sous forme d’abécédaire à l’usage de tous ceux qui fréquentent la mer et ses rivages, fréquemment comme les adeptes de sports nautiques et marins ou le temps d’un week-end iodé.

Comment avez-vous eu l’idée de ce livre ?

C’est tout simple, quand je suis au bord de l’eau sur la plage ou les rochers, dans la mer ou sur l’océan, je passe mon temps à râler et tenter de faire prendre conscience des micro dégâts écologiques que nous provoquons. Je ramasse les déchets sur la plage, raisonne les enfants qui retournent les rochers pour attraper les crabes, fais la morale à mes copines qui s’approvisionnent en coquillages, empêche d’acheter du poisson surexploité et essaye de convaincre de choisir une crème solaire la moins nocive pour les coraux. Un livre sous forme d’abécédaire me semblait très pratique à lire et en savoir plus sur les comportements nocifs pour l’environnement marin.

Quels sont les sujets pour lesquels vous pensez que les utilisateurs de la mer n’y connaissent rien ?

Le ramassage des galets, sable et coquillages, la cueillette des plantes maritimes et la chasse sous-marine où le braconnage est affolant. Je passe beaucoup de temps sur la presqu’île de Quiberon et il y a un manque total de civisme dans les prises des pêcheurs. L’usage des produits solaires aussi devrait bénéficier d’une véritable campagne d’information. Si les pharmaciens et le ministère de la Mer ou de l’Environnement collaboraient, on pourrait améliorer la situation de la pollution par les microbilles plastiques. Pour avoir été conseiller technique en cabinet de ministre, je n’y crois cependant pas !

Par quels moyens améliorer l’information et les habitudes ?

Les communes du littoral ont un rôle important à jouer pour mettre en place des systèmes de protection et d’interdiction. Installer des bacs à marée aux abords des plages, collaborer avec les gestionnaires des espaces appartenant au Conservatoire du Littoral, faire passer sur les plages des maîtres-nageurs pour informer sur les pollutions ou les usages pourraient être utiles et puis parfois tout simplement faire appliquer la réglementation aux promeneurs de chiens, aux cyclistes ou aux propriétaires de bateau qui n’apportent pas les peintures anti-fouling dans un centre de déchet spécifique.

Quand les informations sont lisibles et claires, les baigneurs, promeneurs et usagers de la mer changent leurs habitudes. Les écoles de voile, de surf, de kayak de mer ou de char à voile devraient aussi être plus militantes. 

https://www.vagnon.fr/9791027103478-zero-plastique-dans-nos-oceans-comment-passer-a-l-action-group.html

https://www.vagnon.fr/9791027104475-petit-abecedaire-des-ecogestes-pour-proteger-nos-oceans-group.html

Mieux connaître Nathaly : @nathalyianniello_espritcuisine