Les jeunes de la protection judiciaire de la jeunesse s’engagent pour l’Océan

Jeudi 11 mai, des jeunes de la protection judiciaire de la jeunesse ont exposé à Paris 15 œuvres réalisées sur le thème de l’eau, grâce à un partenariat avec la Fondation de la Mer.

La Fondation de la Mer a soutenu le projet “Histoire d’eau” mené par des jeunes de l’Unité Éducative de Jour (UEAJ) de Villeurbanne et leurs éducateurs. Pendant 6 mois, 6 jeunes ont été accompagnés par C., éducatrice et R. éducateur et artiste, pour réaliser des œuvres en lien avec l’eau. Durant ces semaines, ils se sont interrogés sur l’importance de l’eau, sa place sur notre planète et notre responsabilité pour préserver l’Océan.

Plus de 15 œuvres ont été réalisées avec patience et talent et exposées à Paris lors d’une soirée exceptionnelle chez Accuracy. Les jeunes présents ont pu présenter leur travail devant une assemblée admirative. Pour D., cela a été le meilleur moment de son voyage à Paris : « J’ai aimé parler aux gens dans l’auditorium et quand ils sont venus me poser des questions après. » Les fonds récoltés lors de cette soirée vont permettre de soutenir les programmes de protection de l’Océan de la Fondation de la Mer, à la grande fierté des artistes.

La baleine 

À seulement 16 ans, l’artiste a voulu partager son éveil face à la pollution plastique qui touche l’Océan. Dans son œuvre, la baleine sort de la mer car cette dernière est trop polluée.

Pour son tableau il a utilisé de la peinture acrylique, des mouchoirs, des pinceaux de différentes tailles mais aussi des couteaux et parfois ses mains. C’est en apprenant et en répétant les gestes techniques transmis par M. que l’artiste a réalisé son premier chef-d’œuvre.

Ce jeune est originaire de la ville de Grenoble. Il a pour ambition d’y retourner et d’intégrer l’IMT en tant qu’apprenti en CAP électricité. Il aimerait ensuite réaliser un BAC professionnel en électricité et travailler plus tard dans ce domaine.

Le cœur de la mer 

L’artiste a créé ce tableau en faisant preuve d’une autonomie impressionnante. A l’aise avec l’outil informatique, il a passé du temps à réfléchir et créer son tableau seul.

Un travail de contour aux crayons de couleur est réalisé. Puis, il utilise les feutres pour finaliser les contours. Il choisit de travailler son œuvre avec une base de marqueurs de peinture à base d’eau car il maîtrisait déjà l’outil. C’est seulement sur la fin de sa création de toile qu’il s’est lancé le défi de rajouter des touches avec de la peinture acrylique à l’aide de différents pinceaux.

E. L. a fait preuve d’une grande concentration lors des sessions de travail. Son œuvre dénonce. Elle fait le triste constat de la pollution humaine à l’échelle planétaire. De l’homme et ses contradictions. Il nettoie d’une main et pollue de l’autre.

Comme nous pouvons le voir sur le tableau le coeur est noir car il est pollué, les artères sont aussi bouchées ce qui affecte la fonctionnement du coeur. Si on recule en regardant l’œuvre, la cœur ressemble à la terre où des vagues ressortent. 

E. L. est originaire de Lyon. Son objectif est d’obtenir un diplôme en électricité par la voie de l’alternance.

La Mère et la mer 

Dans le tableau original, il s’agit d’une mère qui pleure, face à la Méditerranée, la perte de son fils, mort lors d’une traversée. A l’inverse, L’artiste, dans son tableau à décidé de représenter sa mère qui attend son retour. 

Par ce tableau, ce jeune partage son expérience personnelle où il est séparé de sa mère depuis qu’il est arrivé en France. 

Originaire de l’Algérie, L.M. est un jeune mineur non accompagné qui est passé majeur fin 2022. Il travaille et cherche à obtenir des papiers de séjour pour régulariser sa situation afin de rentrer en Algérie sans qu’un retour en France ne lui soit interdit.

La gazelle des sables 

Cette œuvre inachevée est lourde de sens. Le jeune artiste qui l’a commencé est un mineur non accompagné. Il a traversé la mer Méditerranée sur une petite embarcation. Il était le seul de ses amis et de sa famille à partir.

Jeune, il est difficile de survivre seul dans une terre étrangère, sans aide. Le réseau protège mais demande une contribution souvent délictueuse en contrepartie.

L’artiste est venu et s’est engagé dans le projet. Il a répondu présent pendant quelques jours sur deux semaines. Puis, il est parti, happé par une réalité.

Les autres artistes voulaient terminer le travail qu’il avait commencé. Les adultes ont trouvé important de laisser cette toile là où S. l’avait laissé.

Ce projet, co-construit par la PJJ et la Fondation de la Mer, pouvait sembler un pari, avec des jeunes qui ne pensaient pas tenir un pinceau dans leurs mains un jour. Pourtant le pari a été réalisé avec succès. Ces adolescents sont devenus de vrais artistes et ont transformé des toiles en chef d’œuvres afin d’aider la Fondation de la Mer. M. nous a confié « Je ne pensais pas être capable de créer quelque chose ».