L’Océan en surchauffe : alerte sur les coraux !

Les récifs coralliens, un sujet d’actualité

Lundi 15 avril dernier, l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) a alerté à nouveau sur l’état de santé des récifs coralliens. Ils sont menacés par un blanchissement sévère et un risque probable de mortalité. « De février 2023 à avril 2024, un blanchissement important des coraux a été observé dans les hémisphères nord et sud de chaque grand bassin océanique », souligne Derek Manzello, coordinateur de l’observatoire des récifs coralliens de la NOAA. Le phénomène concerne aussi les récifs en Floride, au Brésil ou encore dans la mer Rouge.

Face aux pressions accrues et plurielles qui menacent les récifs, la Fondation de la Mer en partenariat avec l’IFRECOR (Initiative française pour les récifs coralliens), présidée par le ministère de la Transition écologique et celui des Outre-mer, se mobilisent pour la conservation et la restauration de ces écosystèmes. Ils ont créé, en 2021, la plateforme de financement SOS Corail qui permet au grand public et aux acteurs privés de s’engager en faveur de projets de protection des récifs coralliens, mangroves et herbiers situés dans les Outre-mer.

Les coraux, des animaux essentiels à la vie sur terre

Malgré leurs allures de fleurs marines, les coraux sont des animaux. Ils sont formés de colonies de polypes, organismes semblables à de mini-anémones qui fabriquent un squelette commun en carbonate de calcium.

Derrière le terme corail, se cache une grande diversité d’espèces et de formes. Les coraux constructeurs de récifs coralliens proches de la surface, comme ceux présents dans la zone mésophotique, vivent en symbiose avec des zooxanthelles, sorte de microalgues. Cette harmonie est possible quand les algues sont capables de capter la lumière du soleil depuis les tissus des coraux pour la photosynthèse. Ces derniers bénéficient de 75% à 95% des composés organiques produits grâce à la photosynthèse des zooxanthelles pour se nourrir et de l’oxygène créé pour respirer. 

À l’origine de nombreux services écosystémiques, ils fournissent des ressources alimentaires et économiques, ils freinent les vagues en absorbant leur énergie, contribuant ainsi à la réduction de l’érosion des littoraux et à l’atténuation des dégâts en cas d’évènements extrêmes. 

Les écosystèmes coralliens et leurs services sont grandement menacés. Près de 14% des récifs coralliens ont disparu entre 2009 et 2018, en raison de l’augmentation de la température de l’eau. Depuis 1860, la température moyenne de l’Océan a déjà augmenté de 0,5°C. Les coraux sont très sensibles à cette augmentation, quelques degrés de plus ont des conséquences en cascade. En mars 2024, une température moyenne de 21,07 °C a été mesurée à la surface des océans, selon des données de l’observatoire européen Copernicus. Ce plus haut historique a battu au passage le précédent record de 21,06 °C, établi en février.

Réchauffement des eaux, une menace pour la bonne santé des coraux

L’augmentation brutale de la température provoque un stress thermique dont le blanchissement des coraux est l’une des principales conséquences visibles. Ce stress provoque la rupture de la symbiose, complexe et aux bénéfices réciproques entre l’animal corail et les zooxanthelles, vivant dans la chair du corail.

Les pigments de ces microalgues donnent en partie leurs couleurs aux coraux. Lorsqu’elles sont expulsées des tissus du corail, ce dernier ne conserve que des pigments lui donnant d’abord des couleurs pastelles, puis fluorescentes. Si le stress perdure, le corail devient tout blanc et meurt. Le blanchissement du corail ne conduit pas toujours à sa mort. Si le stress est de courte durée (moins de 2 mois), il est possible alors que les coraux accueillent à nouveau des zooxanthelles, reprennent leurs couleurs et survivent. 

Selon le GIEC, les canicules marines seront 20 fois plus fréquentes dans les années à venir, même si l’augmentation des températures atmosphériques est contenue à 2°C et s’ajouteront au réchauffement continu des eaux. Une hausse moyenne de 1,5°C de la température de l’eau de surface entraînerait la disparition ou la forte raréfaction de 70% à 90% des espèces de coraux. Après leur mort, les coraux sont colonisés par des algues qui peuvent proliférer et étouffer les coraux voisins encore vivants, appauvrissant ainsi l’écosystème et modifiant la biodiversité.

La rupture de la symbiose et le blanchissement qui s’en suit, ne sont pas les seules manifestations des effets du réchauffement de l’eau sur les coraux. La reproduction de l’animal en est aussi perturbée. Les variations de température altèrent, en effet, la division cellulaire des gamètes et les larves des coraux, donnant lieu à des embryons anormaux ou déformés fragilisant le bon développement de l’animal et la survie des récifs.

SOS Corail, une solution pour répondre à l’urgence

Les effets du réchauffement de l’eau sur les coraux ne sont pas homogènes à l’échelle de la planète, en raison de variations différenciées des températures, de la résistance surprenante de certains coraux, ou des conditions environnementales plus locales. Les récifs coralliens du Pacifique sont, par exemple, à ce jour mieux préservés car moins soumis aux menaces anthropiques, en comparaison de ceux se situant dans les Caraïbes.

Toutefois, l’urgence est là pour l’ensemble des récifs ! Tous subissent les conséquences du réchauffement de l’eau, des pressions anthropiques et plus largement du changement climatique. La France, grâce à ses collectivités d’Outre-Mer, est le 4e pays au monde pour ses récifs coralliens, et joue un rôle stratégique pour leur préservation. C’est dans cette optique qu’a été créée en 1999, l’Initiative française pour les récifs coralliens (IFRECOR).

SOS Corail présente des programmes qui concernent très concrètement la restauration de récifs coralliens ou des écosystèmes associés ainsi que des actions de sensibilisation et d’éducation aux bonnes pratiques.