COP 28 : beaucoup d’annonces, peu de mesures

Du 30 novembre au 12 décembre 2023 s’est tenue la 28 Conférence Internationale sur le Climat. Au-delà de dresser un premier bilan de l’Accord de Paris, il s’agissait surtout de définir les futures mesures concrètes pour limiter le réchauffement climatique planétaire. Une question a notamment fait l’objet de longs débats : faut-il totalement sortir des énergies fossiles ou réduire leur utilisation ? Au bout de 12 jours de discussions, la COP a tranché. Voici un résumé des principales avancées, ainsi que des discussions autour de l’Océan qui se sont tenues. 

La COP 28, des décisions marquantes jusqu’à la fin

La première mesure adoptée à l’unanimité dès l’ouverture de la COP 28 a été le fonds « Pertes et Dommages », consacré à la réparation des catastrophes climatiques. Cette décision vient concrétiser la mesure adoptée lors de la COP 27, mais dont les modalités n’avaient pas encore été définies. Ce fonds doit permettre à l’ensemble des pays en développement d’accéder à des financements pour réparer les dégâts subis suite au changement climatique. Malgré les promesses financières plus élevées, c’est un engagement financier de 179 millions de dollars qui a été finalement défini par une dizaine de pays. 

Si l’annonce de la création de ce fonds a été accueillie favorablement par la majorité des acteurs, la somme n’est pas, selon ses détracteurs, à la hauteur des enjeux climatiques. C’est ce qu’a souligné Madeleine Diouf Sar, Présidente du groupe des pays les moins avancés, qui reconnaît la signification énorme de cette aide, mais précise : « Un fonds vide ne peut pas aider nos citoyens, les pertes se chiffrent en centaines de milliards ». 

Par ailleurs, si la COP 28 devait initialement se clôturer mardi 12 novembre, les négociations ont été prolongées de plusieurs heures. Le principal débat était de savoir si le texte final inscrivait une « réduction progressive » ou « l’élimination progressive » des énergies fossiles. Ce dernier a finalement été voté selon ces termes : « transitionner hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques, d’une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l’action dans cette décennie cruciale, afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050 conformément aux préconisations scientifiques ». Si c’est la première fois qu’une COP mentionne les énergies fossiles dans ses conclusions, cet accord n’est pas à la hauteur pour beaucoup qui l’estiment inutile car non contraignant. 

Une coalition internationale pour une taxe climatique mondiale 

Le Kenya et la France ont annoncé la création d’une coalition internationale pour une taxe climatique mondiale. Cette taxe, qui devrait être capable de lever des milliards de dollars dont les pays en développement ont besoin face au changement climatique, sera présentée lors de la COP 30 au Brésil. « C’est une nécessité si on veut un vrai résultat, parce qu’on a besoin de lever plus d’argent pour financer notre lutte contre les inégalités et pour le climat », a déclaré Emmanuel Macron. Cette mesure s’inscrit ainsi dans un ensemble de réformes de la finance mondiale au vu du changement climatique. Rendez-vous à la COP 30 pour en apprendre davantage. 

Mr Stiell, secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, a affirmé que cette COP avait permis une réelle accélération des progrès autour de l’alignement des politiques nationales sur l’Accord de Paris. Cependant, ce dernier a également précisé que ces progrès ne sont pas assez rapides, et qu’il s’agit d’un plancher ambitieux et non d’un plafond. Mme Rasmussen, représentante samoane et négociatrice en chef de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a déploré  quant à elle l’absence de « changement de trajectoire » et a exprimé sa déception face à « des progrès graduels  ». Il reste donc à voir comment ces décisions se concrétiseront d’ici la COP 29 en Azerbaïdjan. 

Les discussions de la COP28 au Pavillon Océan

« La préservation des océans exige une action collective concertée entre la science et la politique, ainsi qu’une coopération multilatérale réussie à toutes les échelles » a déclaré Mohamed Sadiki, ministre de l’agriculture du Maroc. C’est dans cette perspective qu’un Pavillon Océan a été installé pour la deuxième fois au sein d’une COP. De nombreux spécialistes des océans étaient présents et ont pu aborder des thématiques transversales : la place de l’Océan dans l’Accord de Paris, la stratégie de conservation des mangroves et des récifs coralliens, les partenariats autour de la restauration des écosystèmes, les futurs défis, les solutions innovantes, les stratégies nationales de carbone bleu, ou encore la décarbonation du secteur maritime et la synergie autour de l’économie bleue. Le rapport actualisé de la Commonwealth Blue Charters « Blueing the NDCs », qui examine les voies empruntées par les pays pour atteindre leurs engagements et objectifs en matière d’action en faveur des océans, a également été lancé. 

Si aucune « grande » mesure n’a été prise concernant les océans, la mise en place d’un grand nombre de séance de discussions est bien la preuve que la mer semble enfin trouver une place dans les débats mondiaux. Dans le cadre de la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021-2030), les prochaines années seront remplies de grands rendez-vous pour l’Océan :

  • Le Traité International pour la Protection de la Haute mer et de la biodiversité marine (BBNJ), adopté en juin 2023 et signé par 82 États, porte sur la protection de l’Océan situé en dehors des ZEE et du plateau continental des États côtiers. La France continue sa mobilisation pour l’entrée en vigueur en 2025 de cet accord vital pour l’Océan. Un enjeu qui est donc de taille. 
  • La cinquième Assemblée des Nations unies pour l’Environnement a adopté en mars 2022 une résolution historique en vue de négocier, d’ici fin 2024, un traité mondial de lutte contre la pollution plastique. Les quatrième et cinquième étapes auront respectivement lieu au Canada en avril 2024, puis en République de Corée au second semestre 2024. Ces négociations seront donc décisives autour de la réglementation de l’un des plus gros fléaux pour les océans. 
  • Par ailleurs, le Code Minier International pour les fonds marins est aussi un enjeu futur considérable dans la protection future des océans et sera normalement débattu en 2024 à l’AIFM. 
  • Enfin, la troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan, se tiendra à Nice en juin 2025 et marquera une étape clé dans les discussions mondiales autour de cet écosystème.