Article publié le 09/01/2020

Lords Of The Ocean, c’est un joyeux quatuor d’aventuriers qui ont entrepris de réaliser leur rêve : partir à la voile depuis Brest pour aller à la rencontre des requins. Parmi eux un cameraman, une monitrice de plongée, un ingénieur naval et un ingénieur hydrographe. Leur but : nager en totale liberté sans cage avec les requins Tigre, Bouledogue, Longimane, Marteau et Blanc pour prouver qu'ils ne sont pas les dangereux mangeurs d'Homme pour lesquels on veut les faire passer.

Article rédigé par Cyrielle Houard :

En Janvier 2019, nous sommes partis à bord du voilier Mecton, dans le but de réaliser une web-série documentaire sur les 5 espèces de requins réputées les plus dangereuses au monde.

Lorsque l’on veut sensibiliser à la nécessité de protéger une espèce, il est normal de parler des menaces qui pèsent sur elle. Alors que l’on évoque toujours la surpêche, qu’en est-il de la pollution, et notamment de la pollution plastique ?

Pour être tout-à-fait honnêtes, durant ces 6 mois passés à parcourir les océans à la voile, nous n’avons que peu été confrontés à ce phénomène.

Excepté dans cette zone du Pacifique colombien, la région du Choco, où la mer rejette sans vergogne des milliers de bouteilles, sacs, bouchons, cotons-tiges, brosses à dents et autres couverts en plastique sur des plages vierges et autrefois paradisiaques… Mais en dehors de cette région-là et de quelques ports par-ci par-là, on mentirait si l’on vous disait que l’on avait été choqués par la pollution des océans. 

Et pourtant ! On le sait tous, des dizaines de milliers de tonnes de déchets sont bel et bien rejetées à la mer chaque jour, partout. Huit millions de tonnes par an, plus exactement. Mais alors, étant donné que le plastique n’est pas biodégradable, où passent tous ces déchets ? Et quel impact ont-ils réellement sur la vie marine, et tout particulièrement sur ceux qui nous intéressent ici, les requins ?

Avant toute chose, il faut savoir que les courants règnent en maîtres sur les océans, « nettoyant » certaines zones, et créant des zones d’accumulation dans d’autres. Cette petite zone de Colombie où les plages et les villages se remplissent chaque jour de déchets en tout genre n’en est qu’un mince exemple.

On estime qu’il existe dans les océans cinq grandes zones d’accumulation, appelées « gyres ». La plus grande d’entre elles, située entre Hawaï et la Californie ferait plus de 3 fois la France en superficie. C’est beaucoup, mais ce n’est probablement rien en comparaison du niveau de pollution plastique sur les fonds marins qui, lui, reste inconnu. 

Dans les faits, cette pollution se manifeste par de plus en plus de mammifères marins, de tortues et de requins retrouvés morts avec des quantités effroyables de plastique à usage unique (sacs, ballons, pailles, etc.) dans l’estomac. Le plastique bloque le tube digestif de l’animal, le rendant incapable de s’alimenter, ou le déchire, provoquant la mort.

Et puis il y a tous ces objets de forme circulaire, responsables de nombreux cas d’étouffements. Comme ce tour de cou en silicone (accessoire de plongée sous-marine), qui a passé plusieurs années autour de la tête d’un requin longimane en Egypte, lui déchirant la chair à mesure qu’il grandissait, et l’empêchant de se nourrir correctement. A terme, ce type d’étranglement peut aussi avoir des dommages irréversibles sur la colonne vertébrale de l’animal.

La pollution est aussi constituée de microplastiques, ces petites particules (<5mm), que l’on retrouve désormais partout, dans les sols, les cours d’eau, mais aussi dans l’air. Ces micro et nano particules de plastique, chargées d’additifs chimiques toxiques, de métaux lourds... se concentrent à tous les niveaux de la chaîne alimentaire. Les requins, par leur position de prédateurs et leur croissance très lente, se retrouvent être les premières victimes de cette pollution qui s’accumule au fil des niveaux du réseau trophique.

Pour finir, on ne peut pas ne pas citer tous les requins retrouvés morts, étouffés par des filets de pêche « fantômes » qui, bien que abandonnés, continuent de tuer…

Bref, les effets de la pollution par le plastique sur le milieu marin et sur les requins sont multiples. Mais quelle en est la cause ? On ne surprendra personne en disant que c’est nous tous, dans nos gestes quotidiens, qui en avons la responsabilité. Le XXème siècle a été l’apogée du plastique à usage unique, mais il n’est pas trop tard pour revenir à de vieilles pratiques, plus durables et plus écologiques, ou encore pour trouver de nouvelles alternatives, avec des matériaux plus respectueux de l’environnement. Les solutions sont là, à portée de main, et il est encore temps de les mettre en place.

Alors oui, tous ensemble, changeons nos habitudes et éduquons nos enfants en conséquence, afin qu’ils puissent eux aussi jouir de la biodiversité de notre monde, dont les requins sont les garants.

Découvrez leur teaser : https://www.youtube.com/watch?v=2cnxQ4uWhRY