Article publié le 18/06/2025

Du 9 au 13 juin 2025, la ville de Nice a accueilli la troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC), rassemblant dirigeants politiques, scientifiques, ONG et acteurs de la société civile autour de la préservation de l’Océan. Ce sommet international, très attendu, a permis de réaffirmer des engagements forts en faveur de la protection des écosystèmes marins. Mais derrière les discours ambitieux, le bilan est contrasté : si la volonté politique semble se renforcer, les mesures concrètes manquent encore face à l’urgence. Entre avancées diplomatiques et attentes déçues, retour sur les temps forts et les zones d’ombre de cette édition 2025.

Un appel clair des scientifiques : passer des promesses aux actes

La Conférence a été précédée par le One Ocean Science Congress (3-7 juin), où 2 500 scientifiques internationaux ont formulé dix recommandations. 

À travers un manifeste, officiellement remis aux chefs d’État et de gouvernement le dimanche 8 juin, la communauté scientifique internationale appelle à écouter la science et à agir sans attendre. Parmi ces recommandations, nous pouvons citer :

Protéger la haute mer
Plus de 50 pays, dont la France, soutiennent déjà le traité international pour la protection de la haute mer. L’enjeu : atteindre au moins 60 signataires pour enclencher sa mise en œuvre.

Mettre fin à l’exploitation destructrice des fonds marins
Les scientifiques demandent l’interdiction de l’exploitation minière des grands fonds marins, en appelant à un moratoire face aux incertitudes écologiques majeures.

Financer la science, accélérer la protection
Ils plaident pour une hausse significative des financements dédiés à la recherche océanique, l’adoption de solutions fondées sur la science et l’accélération de la création d’aires marines protégées, avec pour objectif les 30 % d’ici 2030.

Mettre fin aux pratiques nuisibles
Parmi les mesures urgentes : supprimer les subventions néfastes au climat et à la biodiversité, lutter contre la pêche illégale et éradiquer la pollution plastique.

UNOC

Une avancée attendue : Vers l'entrée en vigueur de BBNJ

19 nouvelles ratifications ont été enregistrées sur le site des Nations Unies à la date du 11 juin, ce qui porte à 51 le nombre total de Parties au Traité sur la haute mer ou BBNJ. Ce Traité était l'enjeu principal du sommet de Nice et, si les 60 ratifications n'ont pas été atteintes, elles devraient l'être cet été, afin qu'il puisse entrer en vigueur. C’est une grande victoire pour l’Océan avec enfin une première COP Océan en septembre 2026, qui sera dotée d'un vrai pouvoir décisionnel. L'accélération de la ratification de ce traité était une des ambitions de la Fondation de la Mer.

UNOC

La lutte contre la pêche INN à l'UNOC

Le sujet a enfin été au cœur des discussions avec de maigres avancées. 103 pays ont désormais ratifié l’Accord de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur les subventions à la pêche. Ce texte vise à éliminer les subventions les plus dommageables, notamment celles qui soutiennent la pêche illégale ou non réglementée, en particulier en haute mer. Dix ratifications supplémentaires sont encore nécessaires pour permettre l’entrée en vigueur de l’accord.

La France, le Royaume-Uni et l’Organisation mondiale du travail (OIT) ont lancé une campagne mondiale appelant les États à ratifier la Convention 188, pour réglementer les conditions de travail dans la pêche. Deux nouveaux pays, la Côte d’Ivoire et la Belgique, se sont engagés le 8 juin, à l'occasion de l'UNOC.

Ces ratifications sont essentielles pour lutter contre la pêche illégale. La Fondation de la Mer appelle les États à se mobiliser pour ratifier ces accords qui permettent de combattre un fléau non seulement écologique, économique mais aussi humain.

Les mesures du Comité interministériel de la mer (CIMER) 2025, ont été rappelées lors de l'UNOC. En particulier en Guyane, les unités de contrôle pourront désormais, après modification du code rural et de la pêche maritime, détruire les bateaux de pêche sans pavillon ni propriétaire se livrant à de la pêche INN. La France va aussi étudier la possibilité d’utiliser des drones aériens pour verbaliser les infractions commises en mer, afin de renforcer ses moyens de contrôle. Ces mesures permettront de lutter plus efficacement contre la pêche illégale dans toutes les zones économiques exclusives françaises.

Un été porteur d'espoir ?

Le sujet de l'exploitation minière des grands fonds marins a été au cœur des discussions. "Les abysses ne sont pas à vendre" a rappelé Emmanuel Macron le 9 juin, en ouverture du Sommet. Lors de l'UNOC, la Slovénie, les îles Marshall, Chypre et la Lettonie ont rejoint les rangs des États opposés à l’exploitation minière des fonds marins. Un signal fort mais encore insuffisant, à la veille de la réunion de l'Autorité Internationale des Fonds Marins (AIFM).

Côté plastique, 95 pays ont signé le “ Nice Wake-Up Call for an Ambitious Plastic Treaty ”. Initié par la France, cet Appel réaffirme la nécessité de réduire la production mondiale. À noter : les États-Unis et la Chine ne sont pas signataires. La deuxième partie de la cinquième session du Comité intergouvernemental de négociation (CIN, ou INC selon l'acronyme anglais) chargé d'élaborer un instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique se tiendra du 5 au 14 août 2025 au Palais des Nations, à Genève.

UNOC
Concernant les Aires Marines Protégées, la Fondation de la Mer alerte sur “cet effet d’annonce sans le début d’un centime de financement” selon Alexandre Iaschine, directeur général et demande une trajectoire plus ambitieuse.

Au-delà d’être un rendez-vous politique, l’UNOC aura été un véritable momentum pour tous les acteurs de la protection de l’Océan. Une dynamique commune à maintenir sur le long terme.

Pour l’équipe de la Fondation de la Mer, l’UNOC a signifié plus de :
Coopération : Nous sommes heureux d’avoir soutenu un Appel des fonds et fondations pour l'Océan, pour flécher une partie de leurs financements vers l’Océan (56 signataires à date) et d’avoir initié The Alliance 4 European Seas avec John Nurmisen Säätiö et MEDSEA foundation, notamment pour préserver les herbiers marins en Europe.
Mobilisation : Plus de 50 articles dans les médias pour alerter sur les enjeux marins.
Partage : Plus de 10 conférences et 12 Apéros de la Mer.

UNOC
Après la science, la prise de conscience, accélérons la protection de l'Océan. Plus que jamais, c’est la mission de la Fondation de la Mer.

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