Article publié le 11/12/2025

Le 10 décembre 2025, la Fondation de la Mer et l’Institut de l’Océan ont eu le plaisir de décerner le prix de publication de thèse à deux lauréats, Nicolas Séon et Fanny Ouzoulias, en reconnaissance de leurs travaux dans le domaine des sciences marines et environnementales.

Nicolas Séon

Nicolas Séon, docteur du Centre de Recherche en Paléontologie du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris (thèse 2019-2023), a été récompensé pour sa publication intitulée « Reassessment of body temperature and thermoregulation strategies in Mesozoic marine reptiles », parue en 2025 dans le journal Paleobiology.

Son étude explore comment les reptiles marins du Mésozoïque - ichtyosaures, plésiosaures et métriorhynchidés (–252,2 à –66 Ma) - régulaient leur température corporelle. Prédateurs occupant les niveaux supérieurs des réseaux trophiques marins, ces animaux avaient un mode de vie nécessitant des efforts prolongés, ce qui soulève la question de leur capacité à réguler leur température corporelle.

En analysant la signature chimique de l’oxygène présent dans les restes fossiles (os et dents), Nicolas Séon a pu estimer la température corporelle de ces reptiles marins. Grâce à une méthode affinée, intégrant les variations régionales de la composition en oxygène de l’eau de mer et des paramètres adaptés aux vertébrés marins entièrement aquatiques, il montre que les ichtyosaures maintenaient une température stable, comprise entre 31 et 37 °C, nettement supérieure à celle du milieu dans lequel ils vivaient. Les plésiosaures, en revanche, disposaient vraisemblablement de températures corporelles plus variables, dépendant davantage des fluctuations environnementales. Quant aux métriorhynchidés, leurs températures corporelles estimées, proches de celles de leur environnement ambiant, ne permettent pas de préciser s’ils fonctionnaient plutôt comme des crocodiles modernes ou comme des thons.

L’étude révèle également que la température corporelle constante des ichtyosaures font d’eux de potentiels bons indicateurs pour reconstituer la signature chimique de l’oxygène des océans du Mésozoïque.

Cela ouvre de nouvelles perspectives pour affiner les reconstructions climatiques, en particulier pour comprendre la réponse des océans dans des périodes de forts niveaux de CO₂ comparables à ceux attendus dans le futur.

Fanny Ouzoulias

Fanny Ouzoulias, doctorante au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, au sein du laboratoire BOREA, a été récompensée pour sa publication « Modeling spatio-temporal dynamics of Patagonian toothfish spawning in Kerguelen waters using CPUE data », parue en 2025 dans le journal Fisheries Research. Ce prix souligne l’importance de son travail, qui s’est attaché à comprendre les dynamiques de reproduction de la légine, un grand poisson des profondeurs des îles Kerguelen dans l’océan Austral, une espèce clé pour les écosystèmes marins et les pêcheries locales.

Depuis 2007, on observe une baisse marquée du recrutement de la légine, c’est-à-dire de l’arrivée de jeunes poissons dans la population, ce qui a déjà conduit à réduire les captures autorisées de cette espèce d’environ 25 % en deux ans. Le travail de Fanny cherche à comprendre d’où vient cette chute, en commençant par la première étape du cycle de vie : la reproduction. Pour cela, elle a exploité un jeu de données unique collecté par des observateurs embarqués, qui enregistrent, pour chaque opération de pêche, la position, la date et le stade de maturité des poissons.

À l’aide de modèles statistiques spatio-temporels, elle a identifié les périodes et les zones principales de reproduction de la légine australe. Ses résultats montrent un pic net en hiver austral (juin–juillet) et des habitats de reproduction concentrés à l’ouest et au nord de Kerguelen, entre 1500 et 1800 m de profondeur. Ces « hotspots » de ponte constituent des habitats fonctionnels essentiels. Leur prise en compte dans de futures mesures de gestion (par exemple via des restrictions ciblées) pourrait contribuer à soutenir, à long terme, le renouvellement du stock dans un contexte de changement climatique.

 

Ce prix souligne l’engagement de la Fondation de la Mer et de l’Institut de l’Océan en faveur des jeunes scientifiques, qui contribuent à approfondir notre connaissance du milieu marin et de ces espèces. 

Félicitations à Nicolas Séon et Fanny Ouzoulias pour leurs réalisations !

 

remise de prix publication scientifique

 

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