Lutte contre la pollution marine des pneus : l’association Mer Veille lance son opération Sentinelle

Dans les années 80 se développe une fausse bonne idée : créer des récifs artificiels à l’aide de pneus usagés pour leur donner une seconde vie et soutenir la biodiversité des littoraux. Suite à cette initiative américaine, des milliers de pneus sont immergés le long des côtes dans le monde entier. On recense des dizaines de récifs artificiels de pneus rien qu’en Méditerranée, ce qui représente un désastre écologique total. Au-delà de n’avoir jamais rempli leur mission initiale, les pneus sont une immense source de pollution pour les milieux marins. Aujourd’hui, environ 80 000 m3 de récifs artificiels de pneus sont encore immergés le long des côtes françaises. 

En raison des risques sur la biodiversité, des opérations de dépollution sous-marines sont nécessaires. Avec le soutien de la Fondation de la Mer, les équipes et bénévoles de l’association MerVeille œuvrent pour dépolluer la Méditerranée de ces pneus et autres déchets. 

Les pneus : une menace pour les écosystèmes

Composés de caoutchouc mais aussi surtout de plastique et recouverts d’hydrocarbures, les récifs artificiels de pneus n’ont jamais été une réussite en matière de conservation de la biodiversité. Au contraire, ils représentent une menace pour les écosystèmes marins en participant à la pollution de l’eau. En se dégradant, ils libèrent des particules et des métaux lourds, toxiques pour le milieu marin. D’autant plus qu’ils risquent, en s'éparpillant, de porter atteinte aux habitats côtiers et aux herbiers de posidonies, qui constituent eux, de véritables refuges.

En mer Méditerranée, les études montrent que les débris de pneus sont responsables de 53% de la contamination par les microplastiques, qui s’élève au total à 13 000 tonnes par an. 

→ Pneus : l'autre pollution - Fondation de la Mer

Le risque pour les milieux marins est important puisque ces microplastiques sont extrêmement nuisibles. Par exemple, exposées à cette contamination, les huîtres creuses voient leur capacité de reproduction et leur bilan énergétique réduits. De plus, les microplastiques ingérés par les animaux marins ne disparaissent jamais et intègrent la chaîne alimentaire, avec des conséquences sanitaires considérables pour l’ensemble des espèces vivantes qui ingèrent le plastique, dont nous, les humains en bout de chaîne. 

L’association Mer Veille lutte contre la pollution sous-marine

Afin de lutter contre cette pollution marine, la Fondation de la Mer soutient des acteurs engagés dans la préservation des milieux marins comme l’association MerVeille basée à Marseille, qui mène régulièrement des actions de dépollution en mer Méditerranée. 

L’objectif de cette association est d'œuvrer à la protection de l’océan par des opérations régulières de ramassage de déchets, de surveillance sous-marine et par la sensibilisation des populations. 

Ainsi, l’équipe Mer Veille lance un vaste programme de dépollution appelé Les Sentinelles Bleues en partenariat notamment avec l’association Boud’mer, également soutenue par la Fondation de la Mer. Le lancement de l’opération s’est fait début juin lors d’une grande collecte de déchets au niveau de la plage de l’Estaque, à la fois dans l’eau et sur terre grâce à l’aide de nombreux bénévoles. Armés de palmes, masque, tubas, mais aussi radeaux et canoë-kayaks, l’opération a été un succès puisque les sentinelles bleues ont permis d’extraire 1778 kg de déchets de la mer ! 

Le bilan de l’opération comporte : 

• 460 bouteilles en verre
• 138 canettes de Coca
• 113 bouteilles plastique 
• 38 bonbonnes de protoxyde d’azote

En plus de ces déchets, 33 pneus ont été remontés du fond du chenal, évitant ainsi le déversement de milliers de microplastiques dans la rade de Marseille. Par leur volume imposant et leur poids, les pneus sont plus difficiles à remonter du fond de l’eau que les autres déchets. Ils nécessitent la mobilisation de plusieurs plongeurs en apnée pour pouvoir remonter les pneus à l’aide de cordes sur le bateau avant de les ramener à terre, rendant leur dépollution plus difficile et coûteuse. 

Vous avez aimé cet article ? Recevez nos articles tous les mois ainsi que les actualités liées à l'Océan chaque mois dans votre boîte mail, inscrivez-vous à notre newsletter !