Accueil> Toutes nos actualités>L’Océan en surchauffe, comprendre les canicules marines L’Océan en surchauffe, comprendre les canicules marines Retour vers « les actualités » Article publié le 02/07/2025 2023 et 2024 ont largement battu tous les anciens records de Température à la Surface de la Mer (TSM) mondiaux. L’année 2025, si elle ne bat pas (encore) de nouveaux records, marche dans leurs pas. Graphique 1 : Évolutions des températures à la surface de l’Océan dans le monde en fonction des années source : climatereanalyzer.org Les canicules marines, une situation de plus en plus fréquente Les vagues de chaleur océaniques sont des épisodes inhabituels d’augmentation des températures de surface de la mer. Si on constate des hausses extrêmes de la température de l'océan pendant une période prolongée, on parle alors d’une canicule marine (Copernicus). Ces vagues de chaleur peuvent durer des semaines, des mois, voire des années et se produire en été comme en hiver, sur toute la colonne d’eau – de la surface aux profondeurs. Cette année, la vague de chaleur de 2025 à la surface de l’océan Atlantique Nord, a commencé au début du mois de mars et a duré jusqu'en mai, ce qui en fait l'une des plus longues jamais enregistrées à cette époque. Graphique 2 : Évolutions des températures à la surface de l’Atlantique Nord en fonction des années source : climatereanalyzer.org Cyrille Duchesne, météorologue à La Chaîne Météo – METEO CONSULT, parle de la situation de la Méditerranée au Figaro Nautisme : "Depuis le 10 juin 2025, une vague de chaleur intense frappe le Bassin méditerranéen. Ces températures élevées et persistantes ont entraîné un réchauffement significatif de la mer, qui a commencé à accumuler de la chaleur. Au 1er juillet on observait déjà des températures de 29-30°C sur les bouées situées entre la Corse et la Côte d’Azur, une situation inédite si tôt en saison avec des excédents de +5 à +8°C à la normale." Des canicules marines présentes dans le monde entier Les canicules marines sont d’immenses poches d’eau surchauffées qui stagnent sur un écosystème et peuvent entraîner la mort de nombreuses espèces marines, surtout celles qui ne peuvent s’échapper (les étoiles de mer par exemple, ou les espèces “fixes” comme les éponges). Par ailleurs, lorsque l’eau se réchauffe, la quantité d’oxygène dissous diminue, jusqu'à engendrer des mortalités massives de poissons. La canicule marine ou "Blob" du Pacifique Nord, survenu entre 2013 et 2015, fut la canicule marine la plus longue et la plus intense jamais enregistrée à ce jour. Les températures anormalement chaudes mesurées lors du "blob" s'étendaient jusqu'à 1000 m sous la surface, et ce réchauffement de l'eau en profondeur a même perduré jusqu’en 2017 - soit bien après le retour à la normale des températures de surface." Chaque cas de figure est différent, relève Robert Schlegel, ingénieur de recherche à la Sorbonne et spécialiste du sujet. Une chose est cependant certaine : avec le réchauffement climatique, les vagues de chaleur océaniques deviennent plus fréquentes, plus longues, et plus intenses". Des canicules aux conséquences dévastatrices David Diaz, chercheur à l’Institut Espagnol d’Océanographie, compare les vagues de chaleur à des incendies sous-marins, avec la destruction de la flore et de la faune, brûlées comme dans une forêt terrestre. Trois écosystèmes marins sont particulièrement vulnérables aux canicules marines : les herbiers marins, comparable à de vastes prairies, les récifs coralliens, ces constructions animales qui abritent plus d’un tiers de la vie marine dans les zones tropicales, et les forêts de laminaires, composées de grandes algues brunes que l’on trouve en eaux tempérées ou froides. En 2022, 90% des gorgones rouges de Méditerranée, vivant entre 10 et 30 mètres de profondeur, ont été décimées. Les gorgones rouges forment un écosystème exceptionnel emblématique de la Méditerranée, constituant de vraies forêts animales. Leur destruction entraîne la mortalité d’un grand nombre d’espèces associées. Lire notre article : 2022 : mortalité massive des gorgones rouge dans les calanques Une autre conséquence du réchauffement progressif de l’eau est la migration d’espèces et la prolifération d’espèces exotiques envahissantes. La mer Méditerranée est en train de se tropicaliser. Les espèces lessepsiennes (qui proviennent de la mer Rouge à travers le canal de Suez, construit par Ferdinand de Lesseps dans les années 1870) déjà présentes dans la Méditerranée orientale, sont de plus en plus présentes dans le nord. Ces nouvelles espèces s'installent et créent des dysfonctionnement des chaînes alimentaires. C’est la cas du poisson-lapin, herbivore vorace, qui entre en compétition avec les espèces méditerranéennes locales comme les saupes. Cette année encore, des scientifiques s'inquiètent des risques de la situation en Méditerranée. “C'est certain que si on ne prend pas un virage à 180 degrés, le réchauffement va continuer à augmenter. Il faudrait changer notre mode de vie, notre société de production et de consommation, changer nos mobilités..." affirme Sandrine Ruitton, Chercheuse en océanologie, sur France info le 25 juin dernier. L'observation récente de raies mobula près des côtes marseillaises est également un signe d'une poussée de chaleur en Méditerranée. © Vuxe / CNRS Les océans jouent un rôle de régulateur du climat en absorbant 90% de la chaleur excédentaire générée par les activités humaines, l'augmentation de la fréquence des canicules marines qui impactent leur santé est donc très préoccupant. Avec la Fondation de la Mer, œuvrons pour protéger ces espèces marines qui stabilisent notre écosystème. Votre don peut faire la différence. Vous avez aimé cet article ? Recevez nos articles tous les mois ainsi que les actualités liées à l'Océan chaque mois dans votre boîte mail, inscrivez-vous à notre newsletter ! 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