Le combat du siècle pour la protection de l’Océan

Les grands fonds marins, soit 66 % de la surface de la planète, sont loin d’avoir livré tous leurs secrets : à peine 5 % ont été explorés et des millions d’espèces extraordinaires pourraient encore y être découvertes. Mais ils abritent surtout dans leurs profondeurs des minerais rares, convoités par les hommes.

L’exploitation des fonds marins ne relève plus de la science-fiction. Elle pourrait être possible dès 2025, si les Etats ne se mobilisent pas sur le sujet. Vendredi 28 juillet, la 28e session de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) s’est clôturée à Kingstone, Jamaïque. La principale fonction de l’Autorité est de réglementer l’exploration et l’exploitation des grands fonds marins dans les eaux internationales. L’Autorité a décidé qu’elle repoussait à 2025 l’établissement d’un code minier en vue d’encadrer l’exploitation minière des fonds marins en eaux internationales.

Les fonds marins : une richesse convoitée

Les fonds marins renferment des terres et minerais rares, nécessaire pour la transition écologique et énergétique initiée par nos générations. On y trouve par exemple du nickel, du cobalt, du cuivre et ou du manganèse, utilisés pour les batteries de voitures électriques.

L’exploitation des nodules polymétalliques • ©Outre-mer la 1ère

Le paradoxe est évident, comme le souligne Hervé Berville dans un entretien sur franceinfo le 24 juillet : « Comment mener véritablement une transition énergetique, écologique, si nous allons détruire des écosystèmes pour alimenter des batteries ou des nouvelles technologies ? »

Les scientifiques les premiers sonnent l’alarme : même si nous ne connaissons pas tous ses effets négatifs, l’exploitation pourrait engendrer des conséquences désastreuses sur le milieu marin et donc sur le planète. Hervé Berville alerte sur « des dommages irréversibles (…) une catastrophe environnementale annoncée. »

La position ferme de la France : non à l’exploitation des fonds marins

En un an ce ne sont plus 4 mais 21 pays qui se sont prononcés contre l’exploitation des fonds marins. La position de la France est forte et inédite : elle “soutient l’interdiction de toute exploitation des grands fonds marins” comme l’a affirmé Emmanuel Macron lors de la COP27.

La France, représentée à Kingston par son secrétaire d’État en charge de la Mer et soutenu par des scientifiques et des associations de défense de l’environnement, entend peser de tout son poids pour fédérer le plus grand nombre de pays autour d’elle et ainsi préserver l’Océan.

La Fondation de la Mer et les ONG engagées entendent consacrer les deux ans à venir à construire un consensus autour d’un moratoire. Une position partagée par Hervé Berville : « L’ambition est de faire grandir cette coalition d’Etats qui sont pour un moratoire et je suis raisonnablement optimiste même si ce sera une bataille très dure« .