La posidonie, une espèce endémique de Méditerranée menacée

Herbier marin endémique à la Méditerranée, la posidonie (Posidonia oceanica), s’y développe proche des côtes sur fonds marins entre 0 et 40 mètres de profondeurs. Elle recouvrirait près de 2 millions d’hectares sur l’ensemble de la Méditerranée, dont 80 000 ha sur la partie française. Agglomérée, elle forme de véritables prairies sous-marines aux services écologiques exceptionnels. Toutefois, la posidonie est classée sur liste rouge des espèces en danger par l’Union internationale de conservation de la nature (UICN), subissant de nombreuses pressions exacerbées par sa lente croissance (entre 1 et 5 cm par an, soit entre 1 et 5 m par siècle).

Un herbier fondamental pour la bonne santé de la Méditerranée

Essentiel pour tout un écosystème : habitat, zone d’alimentation, frayère et nurserie

“Poumon de la Méditerranée” : 1m2 de posidonie produit en moyenne 14 litres d’oxygène par jour, faisant de l’espèce une des plus importantes sources d’oxygène. Elle participe ainsi à la filtration de l’eau.

Championne mondiale de la capture et du stockage de carbone à l’hectare : 5 millions de tonnes de CO2 seraient fixées annuellement par la posidonie, ce pour des milliers d’années grâce à sa très longue longévité. Certains pieds ont aujourd’hui près de 80 000 ans.

Lutte contre l’érosion : par ses prairies, la posidonie atténue la houle et les vagues. Morte, elle forme des banquettes sur le littoral, digues naturelles et lieux de vie et de nourriture pour de nombreuses espèces.

Un herbier méditerranéen sous pression

Arrachage mécanique par l’ancrage : dégradation des prairies de posidonie par l’ancrage qui laisse place à des mattes mortes, plus vulnérables à l’hydrodynamisme qui la fragmente et au développement d’espèces invasives qui entravent sa bonne repousse. L’ancrage entraine aussi des modifications chimiques du sédiment qui participe à l’affaiblissement du potentiel de recolonisation de l’herbier. La pression de l’ancrage est conséquente, la Méditerranée étant le 2e bassin de plaisance au monde après les Caraïbes.

Dragage, pêche au chalut : dégradations similaires à l’ancrage.

Urbanisation du littoral : les travaux en bordure du littoral perturbent la turbidité de l’eau et dégradent le processus de photosynthèse. L’apparition de constructions côtières peut aussi modifier l’hydrodynamisme local et donc éroder la matte.

Ferme aquacole : modifie la chimie de l’eau et du substrat et favorise ainsi le développement d’algues poussant sur l’herbier de posidonie, l’empêchant de réaliser une photosynthèse de qualité.

Effets incertains des vagues de chaleurs et augmentation progressive des températures de l’Océan : les effets seraient différenciés selon les zones. Les conséquences sur le long terme nécessitent des études scientifiques approfondies pour mesurer les effets des canicules marines à répétition.

En mai 2022, l’Assemblée générale de l’ONU a proclamé le 1er mars « Journée mondiale des herbiers marins ». Cette résolution souligne l’urgente nécessité de susciter une prise de conscience à tous les niveaux, et de promouvoir et de faciliter les initiatives en faveur de la conservation des herbiers marins, afin de contribuer à leur santé et à leur développement.

Selon le rapport du GIEC publié en 2019 les herbiers marins sont parmi les écosystèmes les plus exposés aux impacts directs et indirects du changement climatique. La Fondation de la Mer agit pour leur préservation et restauration dans divers projets, notamment en PACA et en Italie.