La COP27, un bilan mitigé malgré une avancée historique

La COP 27 de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques s’est déroulée du 6 au 18 novembre 2022, à Charm El Cheikh, en Egypte. Comme les éditions précédentes, elle poursuit la mise en œuvre effective des Accords de Paris de 2015. Le bilan de la COP 26 de Glasgow était à cet égard assez mitigé, les États parties n’ayant pas réussi à s’accorder sur des mesures universelles visant l’objectif 1.5°C.

La COP 27 est porteuse d’une avancée historique, attendue depuis 30 ans : l’établissement d’un fonds “pertes et dommages”, à destination des pays en développement victimes du dérèglement climatique. Ce fonds est synonyme de la reprise du dialogue entre les Etats et d’une volonté de réconciliation entre les gros pollueurs et ceux qui en subissent les conséquences. Ce fonds reste cependant à construire : Une quarantaine de pays se sont engagés à mobiliser environ 350 millions de dollars, mais ce n’est qu’un faible pourcentage des besoins réels des pays les plus pauvres. De même, les modalités de dédommagements doivent être définies avec précision : des États qui prônaient la création de ce fond sont aujourd’hui partie au problème, et ne doivent pas être indemnisés. 

La communauté internationale déplore l’absence de la question des énergies fossiles dans les nouveaux textes, ainsi que de la réduction effective des gaz à effets de serre. Lors de la COP 26, les grands pays émetteurs s’étaient engagés à développer des programmes ambitieux pour diminuer leur production. La tenue de ces engagements n’a été évoquée à aucun moment pendant la COP 27, et aucun des grands pays émetteurs, comme la Chine et l’Inde, n’a publiquement porté sa responsabilité.

« Ce que nous avons là, c’est un pas en avant trop court pour les habitants de la planète. Il ne fournit pas assez d’efforts supplémentaires de la part des principaux émetteurs pour augmenter et accélérer leurs réductions d’émissions », a estimé Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne. « Nous devons drastiquement réduire les émissions maintenant. Et c’est une question à laquelle cette COP n’a pas répondu », a pour sa part déploré le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. 

Il est aussi important de relever que le texte final n’évoque pas la COP 15 sur la biodiversité, se déroulant en décembre. Pourtant, les changements climatiques et la biodiversité sont intrinsèquement liés et il est primordial que les deux enjeux se portent mutuellement.

Enfin, l’organisation de la conférence au milieu du désert du Sinaï et son déroulement sont aussi mis en cause pour leur impact écologique allant à l’encontre des valeurs et mesures prônées dans les discours. 

La France a réaffirmé son engagement auprès des pays les plus touchés par le dérèglement climatique, en particulier les pays insulaires. Emmanuel Macron a en effet  annoncé vouloir organiser courant 2023 un sommet pour l’établissement d’un nouveau pacte financier, et ce avant la prochaine COP.  

Photo by Ludovic MARIN / AFP