COP15, quelle place pour l’Océan ?

La COP15 s’est terminée lundi 19 décembre. Après quatre ans de négociations difficiles et une nuit de marathon diplomatique, les 195 pays participants ont signé l’accord Kumming-Montréal.

Un accord historique et inattendu

Le texte, feuille de route cruciale pour stopper la destruction de la nature et de ses ressources, vise à protéger les terres, les océans et les espèces de la pollution, de la dégradation et de la crise climatique. Il reprend notamment une demande forte de la communauté scientifique : protéger 30% de la planète.

Des mesures qui, une fois adoptées, vont devoir être rapidement mises en œuvre, car les scientifiques sont formels : le temps presse. 75% des écosystèmes mondiaux sont altérés par l’activité humaine, plus d’un million d’espèces sont menacées de disparition. Les textes contiennent trois grandes décisions qui sont accompagnées de clauses dynamiques prévoyant des points d’étape réguliers, une première dans ce domaine. Ils sont jugés « historiques » par le ministre français de l’Environnement, Christophe Béchu. (source : tf1info.fr)

« C’est un accord historique au sens propre du terme, et la formule a été reprise par le secrétaire général de l’ONU et par plusieurs ONG. La communauté internationale partait de quasiment rien. Le fait que l’on ait réussi, même dans la douleur, à s’entendre à 196 pays est historique. Ce n’est pas un texte au rabais : il y a une véritable ambition, avec la protection de 30 % des terres, des mers, et aussi des espaces à restaurer d’ici à 2030. La réduction des pesticides a été maintenue et nous avons tous pris des engagements sur la baisse très importante des subventions néfastes à la biodiversité. Il y a aussi un doublement des crédits des pays riches vers les pays du Sud en trois ans et un triplement à l’horizon 2030. Enfin, un accord a été trouvé sur les rétributions que doivent payer ceux qui exploitent les ressources génétiques liées à la biodiversité. »

Christophe Béchu, ministre de l’environnement, dans un entretien au Point.

L’objectif 30×30, un projet ambitieux mais un cadre flou

Un des but de la COP15 était de proposer des mesures pour réaliser l’objectif 30×30 qui vise à protéger 30% des espaces terrestres et 30% des espaces maritimes d’ici à 2030.

En lien avec l’Union européenne, la France a obtenu, entre autres, la réduction des pesticides et des excès de nitrates de moitié ; la restauration de 30 % des écosystèmes terrestres et maritimes dégradés d’ici à 2030 ; la protection de 30 % d’aires terrestres et de 30 % d’aires marines ; la réduction de 50 % de l’introduction des espèces exotiques envahissantes ; l’arrêt de l’extinction des espèces protégées dues aux activités anthropiques d’ici 2050 ; la préservation à travers la planification spatiale des écosystèmes les plus importants sur l’ensemble de la planète. (source : ecologie.gouv.fr)

Les océans couvrent peut-être 70 % de la surface de la Terre et renferment une grande partie de sa vie animale, mais ce n’est pas l’impression que l’on retire des discussions menées par les Nations unies à Montréal en vue de sauver la biodiversité mondiale. Bien que la surpêche, le réchauffement de la planète et l’acidification soient considérés comme un risque existentiel pour ce que l’on a appelé « les poumons de la planète », le mot « océan » n’a été mentionné que deux fois dans le dernier accord de travail de 10 pages et 5 000 mots de la COP15, sans parler des demandes spécifiques visant à réduire la pêche, à protéger les récifs coralliens ou à mettre fin à l’exploitation minière en eaux profondes, comme le souligne The Guardian.

La question de la manière de protéger les océans est encore floue. Il reste à déterminer si les pays devront protéger 30% de leurs zones côtières, ou s’il s’agira d’une protection plus globale, au niveau mondial. 

Le prochain jalon dans la réalisation de l’objectif 30×30 est le rendez-vous de la communauté internationale à New York en février prochain, pour négocier le traité BBNJ (portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale).