L’observation des cachalots en Méditerranée a été un succès

Le lundi 3 avril partait du port de Toulon une équipe de scientifiques à bord du navire We-Explore afin d’observer les cachalots de la Méditerranée. Retour sur une incroyable expédition, soutenue par la Fondation de la Mer.

Pourquoi une telle expédition ?

Cette première expédition avait pour mission d’étudier les populations de cachalots évoluant près des côtes méditerranéennes afin de mieux les comprendre, et ainsi, de mieux les protéger. Une telle opération est absolument essentielle quand on sait que le cachalot est une espèce classée « vulnérable » par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).  Sa population étant déjà réduite, le cachalot est aujourd’hui principalement menacé par les collisions avec les bateaux, les perturbations sonores sous-marines et la pollution par les plastiques. À terme, l’objectif pour les scientifiques est d’avoir une connaissance assez précise de l’espèce permettant de vivre en harmonie avec ces géants des mers.

De nombreux acteurs impliqués

L’équipe était composée de divers experts du monde maritime. À l’origine du projet,  l’océanographe Véronique Sarano et le plongeur et biologiste François Sarano, co-fondateurs de l’ONG Longitude 181. Ils étaient accompagnés dans leurs recherches par l’équipe du scientifique acousticien Hervé Glotin.

L’équipe a pu naviguer sur le bateau We-explore du double vainqueur de la Route du Rhum Roland Jourdain. Ce catamaran est éco-conçu, fabriqué à 50% en fibres de lin, dans le but d’explorer les fonds marins plus durablement.

La jeune activiste Camille Etienne était présente lors de l’expédition afin d’étudier les cachalots. Grâce à l’investissement du réalisateur Charles Berling, la culture était également à bord. Celui-ci dirige la Scène Nationale Châteauvallon-Liberté, qui a suivi le départ du bateau dans le cadre du Festival Passion Bleue.  

crédit Julien Stintzy

A la recherche des cachalots

L’expédition a eu lieu début avril, période durant laquelle les observations scientifiques sont assez rares. Au départ de Toulon, le catamaran s’est dirigé au cœur du sanctuaire Pélagos où se forment à cette période de l’année des courants marins favorables au régime alimentaire des cachalots.

Les cachalots remontent à la surface sur un laps de temps très court – 10 min en surface, pour 50 min immergés environ. Ainsi, à chaque remontée, l’équipe du We-explore devait redoubler d’efficacité pour récupérer un maximum de données. L’expertise de pilotage de Roland Jourdain était donc un atout précieux. 

Les scientifiques acousticiens ont utilisé des hydrophones afin d’enregistrer les « clics » que les cachalots émettent pour se repérer et détecter leur nourriture. Ces bruits sont importants à identifier car ils varient en fonction de la taille et l’âge de l’animal :  des informations plus précises ont ainsi été obtenues sur l’identité des cachalots rencontrés. Les hydrophones ont également permis de mesurer la pollution sonore qu’il y a sous l’eau et l’impact qu’elle peut avoir sur la communication entre les cachalots.

crédit Julien Stintzy

Une expédition concluante

Véronique et François Sarano considèrent l’expédition comme un succès scientifique. En effet, en seulement 4 jours, la présence de 9 individus différents a pu être enregistrée, et 4 d’entre eux ont été précisément identifiés. Ils font partie de la population de mâles subadultes des cachalots, ce qui signifie qu’ils ont atteint leur majorité sexuelle mais pas leur majorité sociale. Ces groupes sont importants à étudier pour les chercheurs car ils sont encore mal connus par la communauté scientifique.

De plus, la présence d’un tel nombre de cachalots en un si court laps de temps confirme leur présence régulière au large des côtes méditerranéennes. Il est donc primordial d’intensifier la régulation des activités perturbantes, et pas seulement lors de périodes spécifiques.

Les cachalots jouent un rôle crucial dans l’écosystème marin en régulant les populations de poissons et de calmars. Ils sont également des espèces sentinelles, ce qui signifie que leur santé peut être utilisée comme indicateur de la santé générale de l’écosystème marin. La Fondation de la Mer s’engage auprès des scientifiques œuvrant pour la protection de l’Océan pour une meilleure connaissance de ces espèces menacées.