Article publié le 29/07/2025

Depuis le début de la saison estivale, de nombreuses raies Mobula se sont échouées sur les plages du sud de la France, causant l’inquiétude des observateurs scientifiques. Cette raie, aussi appelée Diable de Mer, fait partie des espèces emblématiques de Méditerranée. En raison de la pollution, de la suractivité maritime, des captures accidentelles, du réchauffement climatique ou encore de son manque de connaissance par le public et de protection, le Diable de Mer est une espèce classée EN DANGER sur la liste rouge des espèces menacées.

Chaque année depuis 7 ans, l’association Ailerons, œuvrant à la protection des raies et requins de Méditerranée et soutenue par la Fondation de la Mer, part à sa recherche lors d’une expédition scientifique. Cette mission participe à l’amélioration des connaissances concernant le Diable de Mer, grâce auxquelles Ailerons espère faire évoluer son statut réglementaire et donc sa protection dans le droit français. permettant ensuite de prendre les mesures nécessaires à sa préservation.

LA FICHE D'IDENTITÉ DU DIABLE DE MER
Nom scientifique : Mobula mobular
Famille : Raies et requins - Sélaciens  (Chondrichthyens = poissons cartilagineux)
Classe UICN : EN DANGER
Taille : 2,2 m en moyenne - entre 1,1 m jusqu’à 3,5 m d’envergure
Répartition géographique : Mer Méditerranée et Océan Atlantique Nord-Est
Milieu d’évolution : pélagique, entre 0 et 30m de profondeur et entre 18ºC et 25ºC
Régime alimentaire : planctophage
Mode de reproduction : ovoviviparité
Pressions subies : pêche accidentelle ou dirigée, suractivité humaine, pollution

Raie diable de Mer - © Pierre Leo Paul - Ailerons
© Pierre Leo Paul - Ailerons

Une augmentation préoccupante des échouages de Diable de Mer cette année

On observe un changement chez les diables de Mer depuis le mois de juin 2025. Ces dernières années, au lieu de rester au large, comme à leur habitude, ils s’approchent de plus en plus près des côtes méditerranéennes avec un risque d’échouage. 

Les observateurs suivant les échouages montrent que les animaux remontent depuis les côtes de l’Espagne jusqu’au Sud de la France. De nombreux cas ont déjà été observés en Espagne, et les services de secours français reçoivent plusieurs appels par jour concernant des échouages de raies. On a ainsi aperçu des raies Mobula dans le canal de Sète, qui sont venues s’échouer sur les plages de l’Hérault où elles ont heureusement pu être secourues et raccompagnées au large par les pompiers. 

Raie en bord de plage juin 2025 © Aire Marine Protégée de la Côte Agathoise
© Aire Marine Protégée de la Côte Agathoise

Ce changement de comportement met en danger cette espèce déjà menacée. Ont-elles été désorientées ? Suivent-elles la distribution du plancton qui évolue avec le changement climatique ? Ou est-ce lié à leur reproduction ? Face à l’absence de données, une étude et des autopsies des individus morts échoués sont nécessaires pour comprendre exactement ce phénomène singulier. Si la raison exacte demeure inconnue, certaines hypothèses penchent vers les activités humaines maritimes qui sont nombreuses, et notamment les activités militaires pouvant désorienter les animaux marins. Pour autant, le réchauffement de la Méditerranée, dû au changement climatique, ou encore la présence de parasites ou de maladies sont des pistes également envisagées par les scientifiques. 

À la recherche des Diables de mer : l'Expédition de l'association AILERONS

Afin de mieux connaître et protéger ces animaux marins, l’association AILERONS organise chaque année une expédition Diable de Mer, soutenue par la Fondation de la Mer. En juin dernier, nous avons pu embarquer aux côtés de l’équipage. 

Les objectifs de cette mission sont d’étudier le déplacement des raies aussi bien dans la colonne d’eau qu’à grande échelle, mais également de mieux comprendre leur répartition géographique en collectant des données d’observation, d’identifier les comportements de nage et de reproduction et de caractériser l’état génétique de la population en Méditerranée. Pour ce faire, l’équipe d’Ailerons utilise des balises satellites, et récolte des échantillons génétiques de façon non invasive. 

DSC_1988 - Stephanie Peynaud
© Stephanie Peynaud

Les résultats de la mission permettent de récolter des données sur la répartition de la population de diables, ainsi que sur leurs comportements de reproduction. S’agissant d’une espèce migratrice, la pose de balises satellites permet de suivre leurs déplacements et d’identifier des zones privilégiées par les raies. Cette année, une balise a pu être posée malgré le faible nombre d’observations dans la zone habituelle. Il semblerait que les diables se soient déplacées mais sans pour autant abandonner totalement le large de la Corse, dont la façade ouest a été reconnue l’an dernier comme zone clé pour la conservation de l’espèce (ISRA - Important Shark and Ray Areas).

Découvrez le film “Mobula, La légende du Diable de Mer".

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