Accueil> Toutes nos actualités>Un traité pour en finir avec le plastique ? Un traité pour en finir avec le plastique ? Retour vers « les actualités » Article publié le 05/08/2025 Du 5 au 14 août se tiennent à Genève le 6ème cycle de négociations du traité onusien pour mettre fin à la pollution plastique. Lorsque l’on sait que la durée de vie d’un sac plastique est d'en moyenne 20 minutes et que sa décomposition prend plus 400 ans, on comprend pourquoi ce rendez-vous est crucial pour sortir le monde - et l’Océan en particulier - de la plastisphère dans laquelle nous sommes tous englués. COMMENT EN SOMMES-NOUS ARRIVÉS LÀ ? Arrivé comme une révolution, le plastique synthétique et industriel a été inventé pour se substituer au caoutchouc puis à l'ivoire. En 1907, la bakélite est commercialisée et est d'abord utilisée comme isolant dans l’industrie électrique. Puis très vite, le plastique a inondé nos vies, léger, modulable, pratique, imperméable et surtout peu cher, sa production a connu une croissance exponentielle. Depuis les années 1960, la population mondiale a été multipliée par 2,5 alors que la production de plastique a été multipliée par 40. Aujourd'hui ce sont 460 millions de tonnes de plastiques qui sont produites chaque année dans le monde. Couplé à cette production, la consommation connaît également un rythme effréné. Selon les données de l’OCDE, la consommation globale est de 60 kg par personne et par an en moyenne et 52 kg en deviennent des déchets plastique - et seul 9% sont recyclés. Le reste est mis en décharge, incinéré ou malheureusement abandonné dans la nature. Vous avez certainement entendu parler des macro-plastiques qui se dégradent en microplastiques. Sachez qu’en Mer Méditerranée, des études ont révélé qu’il arrivait que l’on trouve parfois autant de microplastiques que de zooplancton. Imaginez dans quel monde vivent les poissons et ce que nous pouvons retrouver dans nos assiettes. UN FLÉAU POUR LA BIODIVERSITÉ L’Océan est devenue une véritable “soupe de plastique”. 80% des déchets en mer proviennent de la terre et 85% d’entre eux sont du plastique. Chaque minute, c’est entre 15 et 18 tonnes de plastique qui sont déversées dans l'Océan. Si rien n’est fait, l’OCDE estime que les plastiques accumulés dans l’environnement s’élèveront à 300 Mt rien que dans les cours d’eau et les océans. Le plastique est un fléau pour la biodiversité marine. Il se transforme en piège pour les animaux marins et plus d’1 million d’oiseaux et 100 000 mammifères marins meurent chaque année à cause du plastique, par étranglement, ingestion ou filets fantômes. Dans le retour d’expérience des associations que la Fondation de la Mer soutient, toutes les autopsies effectuées sur les tortues présentes des résidus de plastique dans leur organisme, ce qui les empêchent de plonger pour se nourrir car le plastique ingéré agit comme une bouée intérieure. Le plastique flottant représente également une menace puisqu'il transporte des espèces exotiques envahissantes, l’une des principales causes de perte de biodiversité et d'extinction des espèces. Le plastique envahit les espèces et les espaces. On le trouve aujourd’hui partout, même dans les endroits les plus reculés. Dans la fosse des Mariannes, à plus de 10 km de profondeur, un sac plastique a même été découvert. (Crédit photo : © Simon Lorenz) NOUS SOMMES PLASTIFIÉS DE L’INTÉRIEUR Le plastique est aussi un poison pour notre santé. Aujourd’hui, on connaît plus de 5 300 recettes différentes de plastiques dont plus de 4 000 produits chimiques ont une toxicité avérée. Les composants chimiques du plastique sont connus pour être cancérigènes et pourraient causer des troubles du développement, de la reproduction, des systèmes immunitaires et neurologiques. L'un des plastiques les plus problématiques est le PET. Il se trouve dans les bouteilles d’eau minéral mais c’est aussi un cousin de l’arsenic, au Moyen-âge comme vomitif. Au-delà, de sa toxicité, une étude sortie en 2025 indique que la quantité de microplastiques retrouvés dans nos cerveaux aurait augmenté de 50 % entre 2016 et 2024, et leur impact sur notre santé reste encore difficile à mesurer. © Algi Febri Sugita GENÈVE, LA FIN DE LA PLASTISPHÈRE ? Dans le patchwork des législations nationales, il est urgent d'établir un cadre légal international pour contraindre le monde à agir. Genève est un moment très attendu, puisque cette session de négociations devrait aboutir à l'adoption d’un traité juridiquement contraignant pour mettre fin à la pollution plastique mondiale, y compris dans le milieu marin, et portant sur l'ensemble du cycle de vie du plastique. Ce traité est en négociation depuis 2022 mais les négociations sont plutôt houleuses. En cause notamment, les enjeux financiers. Le plastique rapporte gros, plus de 712 milliards de dollars américain en 2023, alors vouloir mettre fin a à sa production pour limiter sa consommation ne plait pas aux pétro-Etats ou producteurs de plastique. Ils préfèrent ainsi que le traité n'examine que la gestion des déchets. Toutefois, les pays de la HAC - High Ambition Coalition - défendent un traité ambitieux, contraignant et englobant l’ensemble du cycle de vie des matières plastiques. Ces oppositions très fortes ont ralenti les dernières négociations à Busan et repoussé l’adoption du traité. Le Palais des Nations de Genève sera le théâtre de nombreux débats portant aussi bien sur le niveau de contrainte du traité, l’utilisation des produits chimiques, les mécanismes de financement et les disparités économiques que sur les modalités de prise de décision au sein du traité. ➡️ Suivez les négociations ici C’est dans ce contexte international en plein ébullition que deux issues de négociations se dressent devant nous : L’adoption d’un traité ambitieux, contraignant, mais qui suscitera peu d’adhésion. En espérant cependant que les non-signataires seront impactés si des clauses commerciales sont incluses dans le traité. L’adoption d’un traité “mou” qui fait consensus incluant tous les pays mais ayant un impact limité. La Fondation de la Mer défend depuis le départ l’adoption d’un traité ambitieux et contraignant. Elle insiste sur la nécessité de prendre en considération les avis des experts scientifiques, et sur une responsabilité partagée entre les pays producteurs et consommateurs. Lorsque que l’on sait que les européens exportent 1 million de tonnes de déchets plastiques par an dont 50% dans des pays non membres de l’OCDE, nous ne pouvons plus fermer les yeux et devons agir en toute transparence. les bons gestes à adopter Il est certain que légiférer est le meilleur moyen de lutter contre cette pollution. Cependant, il ne faut pas oublier que chaque geste compte et que nous pouvons aussi dans notre quotidien être acteur de ce changement : Supprimer les plastiques à usage unique : La durée de vie moyenne d’un sac plastique est de 20 minutes Limiter les emballages : Au niveau européen, les emballages représentent 39,1% des plastiques consommés. Traquer les microplastiques cachés dans vos produits de beauté et d’entretien : Chaque année 25 000 tonnes de crème solaire sont déversées dans l’Océan Adopter un mode de vie plus circulaire : Privilégions les recycleries maritimes pour nos activités nautiques Soutenir les associations locales qui agissent au quotidien : Participons des collectes de déchets, donnons et engageons-nous en tant que bénévoles Retrouvez notre carte interactive pour agir près de chez vous. Enfin, nous pouvons participer activement aux négociations en interpellant nos gouvernements sur le site Break Free From Plastic pour qu’ils adoptent un traité qui protège notre santé et celle de la planète. Vous avez aimé cet article ? Recevez nos articles tous les mois ainsi que les actualités liées à l'Océan chaque mois dans votre boîte mail, inscrivez-vous à notre newsletter ! 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