Accueil> Toutes nos actualités>Sur les traces des derniers phoques moines : mission en mer Ionienne Sur les traces des derniers phoques moines : mission en mer Ionienne Retour vers « les actualités » Article publié le 19/11/2025 Présent depuis des millénaires sur les côtes de la Méditerranée, le phoque moine a bien failli disparaître. Aujourd’hui, réfugié dans des grottes parfois difficilement accessibles, il n’en reste que quelques centaines en Europe (entre 260 et 415 selon l’UICN). En partenariat avec Kosamare, une association grecque, l'Université d’Aix-Marseille et l’Université de Thessalonique, la Fondation de la Mer a lancé en octobre 2025 un programme de suivi des populations de phoques moines en mer Ionienne afin de mieux comprendre la dynamique des populations de phoques moines et les menaces qui pèsent sur eux. Du 12 au 18 octobre dernier, une partie de l’équipe de la Fondation de la Mer s’est rendue sur place pour le lancement d’une mission qui s'étalera sur 18 mois. À la rencontre des pêcheurs et des acteurs de la pisciculture Quelles relations les phoques moines entretiennent-ils avec les fermes piscicoles ? Une question essentielle pour comprendre son mode de vie et les liens d’interdépendance entre les phoques et les fermes. L’équipe de Daniel Faget, maître de conférences à Aix-Merseille Université, mène depuis plus de 6 mois un projet global sur le phoque moine en Méditerranée dans lequel s’insère la mission de la Fondation de la Mer. Ils collectent des données sur la présence historique des phoques moines et sur l'acceptabilité du retour de ces mammifères sur les côtes italiennes et françaises. “ Pour notre mission, il était indispensable d'écouter les témoignages des pêcheurs. Ce sont eux qui passent le plus de temps sur l'eau et au chevet des fermes aquacoles. Ce sont des sentinelles pour mieux comprendre les habitudes des phoques” témoigne Muriel, responsable du pôle protection de l’Océan de la Fondation de la Mer. Lors de la mission de la Fondation de la Mer, plusieurs témoignages d’anciens directeurs de fermes piscicoles, de pêcheurs ont été recueillis. Ces précieux échanges ont permis de mettre en lumière la difficulté à trouver un équilibre entre volonté de préservation de l'espèce et nécessités économiques . Sur le terrain pour la pose des kits caméras et leur maintenance Kosamare, en collaboration avec la Fondation Octopus, a installé dès 2018 un ensemble de kits caméra low tech alimentés par des panneaux solaires, pour étudier et identifier les populations de phoques moines en Grèce. La maintenance et la pose de nouveaux kits caméras au fond des grottes était l’un des objectifs de la mission de la Fondation de la Mer et de Kosamare. Les images collectées sont précieuses et permettent d’observer le phoque dans des moments rares, normalement inaccessibles, comme la mise bas ou des interactions entre les individus. “La pose des caméras est une opération technique qui se fait en combinaison et palmes, les pieds dans l’eau. Il faut fixer les câbles sur les parois des grottes au marteau-piqueur, pour qu’ils résistent aux intempéries” témoigne Élodie, directrice de la communication. Lors de ces installations, les équipes de la Fondation de la Mer en ont profité pour nettoyer les déchets présents dans les grottes. En danger critique d’extinction, tout doit être mis en œuvre pour protéger au mieux l’habitat du phoque moine. “Nous ne nous attendions pas à trouver autant de déchets dans des grottes qui servent de refuge aux phoques moines. C’est très choquant. Ce sont des montagnes de déchets plastiques qui se forment. À 70%, il s’agit de polystyrène. Le problème avec le polystyrène c’est qu’il se désagrège vite et se mêle au sable, le rendant impossible à ramasser” Élodie Photo identification et suivi minutieux des populations Grâce aux 3 000 photos prises par les caméras chaque mois, chaque individu peut être photo-identifié et la population suivie au fil du temps. Cette observation permet de savoir quel individu fréquente les grottes, combien de naissances ont lieu chaque année ou encore comment évolue la santé et la taille des populations. Ces données sont capitales car elles documentent la dynamique de l’espèce, alimentent la recherche internationale et aident les autorités locales à adapter leurs stratégies de conservation. La photo-identification, en apparence simple, est en réalité une avancée scientifique majeure pour la protection du phoque moine. “C’est amusant, les phoques semblent curieux. Ils sont énormes mais très gracieux et discrets. Une fois, nous avons attendu une heure pour en apercevoir un à distance d’une grotte jusqu’à ce que nous nous rendions compte qu’il était en fait sorti sans qu’on s’en aperçoive. On se demande parfois qui observe qui ! ” Muriel dans les grottes, à la recherche de crottes ! Pour cette mission, l’équipe a fait le choix de se concentrer sur la collecte de crottes de phoques. Des prélèvements sont en cours d’analyse en laboratoire. Le but est d’observer l’alimentation des animaux, leur taux de cortisol comme indicateur de stress, la recherche de microplastiques, et la détection de 5 métaux lourds et les parasites. Ces données permettront de compléter notre compréhension de l’adaptation du mode de vie des phoques moines à un environnement fragilisé par la surpêche et l’essor de la pisciculture. “Lors de la visite de notre première grotte une odeur caractéristique à proximité de la litière nous indiquait qu’il y avait là une crotte de phoque. Nous l’avons prélevée selon le protocole établi et à l’aide du matériel ad hoc fourni par l'Université de Thessalonique. Nous avons été extrêmement chanceux car la première grotte visitée contenait des fèces. Ce qui n’était vraiment pas gagné ! » Pascale Joannot La mission n’est pas finie, nous sommes toujours en attente des résultats, élément fondamental pour continuer à protéger cette espèce ! Vous pouvez soutenir cette mission, faites un don à la Fondation de la mer Pour en savoir plus sur les phoques et les projets soutenus par la Fondation de la Mer Cette mission est rendue possible grâce au soutien de nos partenaires AXA Mécénat, Digital Realty, Schneider Electric et le Fonds Merquel. Merci à eux ! Vous avez aimé cet article ? Recevez nos articles tous les mois ainsi que les actualités liées à l'Océan chaque mois dans votre boîte mail, inscrivez-vous à notre newsletter ! 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