Article publié le 07/08/2025

Le saviez-vous ? Nous devons en partie notre existence aux algues. Apparues il y a environ 1,2 milliards d’années, les algues ont contribué au façonnement de notre planète en produisant de l’oxygène et en bouleversant complètement l’atmosphère terrestre. (UN)

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Forêt de kelp du Pacifique avec les frondes du kelp géant Macrocystis pyrifera, espèce fondatrice de cet écosystème qui abrite une biodiversité unique, des micro-organismes aux mammifères marins.
Ralph Pace (National Geographic)


LES ALGUES : DE QUOI PARLE-T-ON ?

Les algues sont des groupes d’organismes aquatiques capables de produire leur propre matière organique grâce à la photosynthèse. Présentes sur Terre depuis plus d’un milliard d’années, il en existe plus de 10 000 espèces, aussi bien d’eau douce que d’eau salée, avec des lignées évolutives très distinctes (State of the Worlds Seaweeds). Elles possèdent des formes et couleurs variées et sont sans structure, racine et fleur, ce qui les distingue des herbiers telle que la posidonie. Dans le monde, seules 12 000 espèces d’algues marines ont été décrites. Un grand nombre reste à découvrir.

Il existe deux grands types d’algues : les macroalgues et les microalgues. Les premières se trouvent dans les eaux peu profondes, le long des côtes, elles se fixent pour la plupart sur un substrat, rocheux ou sableux. Leur taille varie en fonction de la température de l’eau. Dans les mers chaudes, elles mesurent rarement plus de 30 cm, alors que dans les eaux froides leur hauteur peut varier en moyenne de 1 à 40 mètres. Les grandes algues marines se divisent en trois groupes en fonction de leur couleur. Cette variation est expliquée par la présence de pigments qui captent les couleurs de la lumière en fonction de la profondeur. Les algues brunes (Phaeophyta), souvent apparentées aux forêts des mers, sont exclusivement marines. Ce sont les plus grandes des algues, véritable refuge de biodiversité pouvant atteindre jusqu’à 60 mètres. Les algues rouges (Rhodophyta), sont le plus grand groupe d’algues, on en dénombre 6000 et elles ont une grande variété de morphologies différentes. Le Nori, que l’on retrouve enroulé autour des makis, en est une. Enfin, les algues vertes (Chlorophyta), présentes aussi bien dans les eaux douces que salées, ce sont elles qui ont permis l’apparition des végétaux sur Terre.

Les microalgues, quant à elles, sont planctoniques et vivent donc en suspension dans la colonne d’eau, se déplaçant au gré des éléments. Elles sont à l’origine de la chaîne alimentaire marine puisqu’elles fournissent une grande partie des nutriments primaires.

DES VÉGÉTAUX VITAUX POUR LA PLANÈTE…

Les algues n’ont pas toujours bonne presse, pourtant, ce sont des végétaux précieux pour l’Océan et notre humanité. Elles sont le premier maillon de la chaîne alimentaire. Vitales pour la biodiversité marine, elles abritent des nurseries protégeant les juvéniles et regorgent de vie. Petites ou grandes, les algues captent le CO2 pour le transformer en oxygène, elles sont donc un allié de taille pour lutter contre le réchauffement climatique. Pour certaines régions du globe, notamment en Asie, les algues sont aussi une source de nourriture.

Avec l’intensification des phénomènes météorologiques intenses, les algues sont également des alliés précieux contre l’érosion. En 2024, lors de deux tempêtes qui ont fait des ravages sur la côte du Maine avec des dégâts évalués à 70 millions de dollars, la plupart des fermes d'algues ont fait preuve d’une grande résilience et ont même contribué à maintenir le trait de côte. (WWF)

Mais menacés de toute part

Malheureusement, les algues se voient menacées de toute part, notamment par le réchauffement climatique. Plus de 80% des étendues de varech, aussi appelées « séquoias des mers » sont détruites en Californie, Norvège et Tasmanie (UN).

Le réchauffement de l’eau implique également la propagation d’espèces envahissantes et des maladies fragilisant les algues et des leurs écosystèmes Enfin, la disparition de prédateurs par la surpêche fait subir une lourde pression sur les algues qui se voient dévorées par les oursins. (National History Museum, UK).

SARGASSES ET ALGUES VERTES : QUAND LA MER SE DÉCHAÎNE

Lors de nos vacances, il nous arrive de retrouver des algues échouées sur les plages. Depuis quelques années, nous observons un phénomène de prolifération d’algues, qu'elles soient vertes ou brunes. Ce foisonnement cause l'eutrophisation (déséquilibre de fonctionnement des écosystèmes aquatiques, déclenché par des apports excessifs en azote et en phosphore) qui s’explique par le réchauffement climatique, la pollution et le rejet d’engrais agricoles qui se déversent dans l'Océan et les mers par les cours d’eau. Dans l’eau, ces algues restent à la surface et empêchent alors les autres espèces de bénéficier de la lumière pour se développer, faisant d’elles une menace pour les écosystèmes. De la Bretagne aux Caraïbes, les algues vertes et les sargasses se décomposent et relâchent des gaz toxiques pour l’Homme et les animaux. Récemment, la Cour d’Appel de Nantes a reconnu le lien direct entre le décès d’un joggeur en 2016 dans les Côtes d'Armor et les algues vertes (Reporterre).

MOBILISONS-NOUS POUR LES ALGUES !

Les algues offrent des alternatives innovantes aux défis écologiques et sociaux que nous rencontrons : source de nutriments pour l'agriculture et l'aquaculture, biocarburant potentiel, ingrédients pour la cosmétique, l'agroalimentaire, elles font également partie de notre pharmacopée. Des études menées au Japon ont montré qu’il y aurait un lien entre la consommation régulière d’algues et la faible probabilité de développer un cancer du sein ou de la prostate. Les centenaires l'île d’Okinawa, grands consommateurs d’algues, le disent eux même : nuchi gusui - “laissez la nourriture être votre médicament”.

La Fondation de la Mer a récompensé en 2025, Véronique Raoul, Présidente de Invalve, pour le développement d’un process innovant de culture de microalgues au service d’une alimentation saine et durable pour tous. Cette innovation, basée sur le mimétisme de la nature, permet de produire des micro-algues utilisées en aquaculture, tout en garantissant une diminution de 80% de la consommation en eau et sans pollution ni déchets.
En savoir plus sur Inalve

Pour protéger les algues, les Nations Unies ont lancé en juin une initiative mondiale pour garantir une développement durable de ce secteur fondé sur la science. La production d’algues a triplé pour atteindre aujourd’hui plus de 35 millions de tonnes (UN). Comme le souligne, Vincent Doumeizel, conseiller du Pacte mondial des Nations Unies (une initiative encourageant les entreprises à adopter des pratiques durables), « les algues sont à n’en pas douter la ressource la plus sous-exploitée de la planète ». L’initiative est ouverte à d’autres partenaires et sera officiellement lancée lors de l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2025 à New York.
Lien vers le communiqué de presse

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Vincent Doumeizel

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