Accueil> Toutes nos actualités>10 ans de l’Accord de Paris : où en est la lutte contre le changement climatique ? 10 ans de l’Accord de Paris : où en est la lutte contre le changement climatique ? Retour vers « les actualités » Article publié le 30/10/2025 Le 12 septembre 2015, un Accord historique était signé sur le climat. Alors que la prochaine COP 30 aura lieu au Brésil dans quelques jours, quel bilan pouvons-nous tirer de cette dernière décennie? LA GENÈSE DE L’Accord DE PARIS Comprendre la genèse de l’Accord de Paris suppose de revenir sur un demi-siècle de diplomatie climatique, jalonné de conférences, de textes fondateurs et de tournants politiques majeurs. Les négociations sur le climat ne sont pas nouvelles, dès 1972, Stockholm accueillait la première conférence des Nations Unies sur l'environnement. Cet événement marque un tournant avec la Déclaration de Stockholm, inscrivant les politiques environnementales au cœur des préoccupations internationales notamment avec la création du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE). ©Yutaka Nagata Il faut attendre 1988 pour que la science s’impose comme moteur du débat international avec la création du Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) : leur premier rapport sort 2 ans plus tard en 1990. Le Sommet de Rio, en 1992, est un moment fondateur. 197 parties signent alors la Convention-cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) pour agir contre le réchauffement climatique et faire face à ses conséquences. Cette convention entre en vigueur 2 ans plus tard et donne lieu aux COP climat dont la première édition se tient à Berlin en 1995. 10 ans plus tard, en 2005, le Protocole de Kyoto entre en vigueur. C’est le premier traité international à fixer des objectifs chiffrés de réduction des gaz à effet de serre. Il indique une réduction de 5% pour un plan entre 2008 et 2012 avec des variations sur des objectifs distincts entre les pays. Après la fin de ce plan, en 2012, la communauté internationale cherche un nouvel élan. C’est finalement en décembre 2015, lors de la COP21 que les États adoptent l’Accord de Paris. Un traité historique sur la lutte contre le changement climatique, un an après la sortie du 5ème rapport du GIEC reconnaissant “l'influence de l’Homme sur le système climatique”. quels sont les objectifs de l'accord de paris ? L’Accord de Paris pose les bases d’un traité juridiquement contraignant. Il oblige ainsi les Etats parties à respecter leurs engagements, dès son entrée en vigueur le 4 novembre 2016. Cet Accord historique compte aujourd'hui 195 parties dont l’Union Européenne. Son objectif premier est de réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) pour limiter à 2 °C le réchauffement planétaire au cours du présent siècle, tout en poursuivant l’action menée pour le limiter encore davantage à 1,5 °C. L’Accord de Paris s’appuie sur le seuil de 1,5°C, défini par le GIEC pour éviter des impacts majeurs du changement climatique. Cet Accord se veut outil multilatéral de coopération international, fondé sur la transparence et la responsabilité commune mais différenciées entre les États. comment fonctionne l'accord de paris ? L’Accord repose sur des cycles réguliers appelés “Contributions déterminées au niveau national” (CDN). Ces CDN sont les engagements pris par chaque pays pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). Tous les 5 ans, chaque État doit soumettre ou réviser ses CDN, mettant à jour ses ambitions et ses plans d’action, tout en informant des mesures d’adaptation et des volets financiers associés. Ces cycles encouragent la montée progressive des efforts de chaque pays, en réévaluant les stratégies nationales de lutte contre le changement climatique. L’Accord prévoit aussi des mécanismes de soutien, notamment la mobilisation de ressources financières des pays développés vers les pays en développement. Ces fonds sont destinés à aider à l’atténuation et à l’adaptation, à renforcer la résilience et à développer les capacités face aux effets du changement climatique. Au-delà de son fonctionnement institutionnel, l’Accord de Paris porte un message fort : limiter le réchauffement à 1,5 °C. Mais que signifie concrètement cet objectif pour l’Océan ? que signifie 1.5°C pour l'Océan ? L’Océan, poumon bleu de notre planète, génère chaque année 50 % de l’oxygène présent sur Terre et absorbe ¼ des émissions de CO2, agissant ainsi comme un véritable puits de carbone. La perspective d’une hausse de 1,5 °C des températures menace de perturber son équilibre et son fonctionnement. © Florian Ledoux Selon le rapport de 2019 du GIEC, une hausse de 1,5 °C risquerait de faire disparaître 70 à 90 % des récifs coralliens à cause du phénomène de blanchiment. Une conséquence dramatique lorsque l’on sait que les récifs abritent 25% de la biodiversité marine. Récemment la limite planétaire de l'acidification a été franchie. Tim Lenton, directeur et auteur principal d’une étude scientifique sortie en octobre 2025, précise dans une interview à l’Oceanographic Magazine que « nous assistons au début d'un dépérissement généralisé qui, sans une inversion urgente du réchauffement climatique, entraînera l'effondrement quasi total des écosystèmes coralliens d'eaux chaudes ». © Ishino Shota La hausse des températures s’accompagne d’une intensification des phénomènes météorologiques extrêmes : ouragans, tempêtes, mais aussi canicules marines. Cet été, la Méditerranée en a fait les frais, avec des eaux dépassant les 25 °C pendant plus de cinq jours consécutifs, un véritable phénomène d’« incendies sous-marins », souligne Alexandre Iaschine, directeur général de la Fondation de la Mer. Limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C est essentiel pour freiner la montée du niveau de l'eau. Aujourd’hui, de nombreux territoires se voient menacés, c’est notamment le cas des Tuvalu qui ont vu la mer et les inondations balayer de plein fouet leur île. Un article publié en 2025 par Le Monde le souligne : “Avant la fin du siècle, 95 % du territoire des Tuvalu pourrait être inondé par de grandes marées périodiques si la hausse des températures n’était pas maintenue en dessous de 1,5 °C, rendant le pays inhabitable.” © Shellie Habel - Hawaii Avec une hausse actuelle de température de 1,1 °C, l’ONU estime que 60 % des écosystèmes marins de la planète ont déjà été dégradés. Respecter le seuil de 1,5 °C permet donc de limiter les effets du changement climatique et de mieux protéger les populations et les écosystèmes littoraux des conséquences d’un réchauffement plus intense. quel bilan tirer de cet accord ? Dix ans après sa signature, le bilan de l’Accord de Paris apparaît contrasté. Dans un contexte de tensions internationales, d’érosion du multilatéralisme, de retour du climatoscepticisme et d’influence persistante des lobbies des énergies fossiles, les avancées sont bien réelles, mais encore loin des ambitions initiales. Véritable symbole d’unité internationale, l’Accord de Paris a marqué un jalon décisif dans la lutte contre le changement climatique. Toutefois, la demande de retrait de l'Accord par les États-Unis a rappelé à quel point cette alliance reste fragile, soumise aux aléas politiques et aux priorités économiques nationales. Malgré ces obstacles, l’Accord de Paris a permis une mobilisation sans précédent de la communauté internationale. Les projections de réchauffement, qui prévoyaient avant 2015 une hausse moyenne des températures de 4°C d’ici la fin du siècle, ont été révisées à la baisse, oscillant désormais entre 2,7°C et 3,1°C (UNEP - 2024). Si cette réduction traduit un progrès notable, elle reste insuffisante pour atteindre l’objectif fixé par l’Accord, à savoir contenir le réchauffement bien en dessous de 2°C, et si possible à 1,5°C. L’Accord de Paris a aussi ouvert la voie à une nouvelle ère de justice climatique. Il est devenu une arme juridique pour les citoyens et les ONG qui exigent que les États respectent leurs engagements. L’exemple emblématique de l’affaire Urgenda aux Pays-Bas illustre cette évolution. En 2015, le tribunal de La Haye a condamné l’État néerlandais à relever ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, de 20 % à 25 % d’ici 2020. Cette décision historique, première du genre, a affirmé la responsabilité juridique et morale des États face à la crise climatique et a eu un retentissement mondial. Pourtant, malgré ces avancées sur le plan du droit, la mise en œuvre concrète des engagements demeure insuffisante. Les Contributions Déterminées au niveau National (CND), censées traduire les ambitions climatiques de chaque pays, restent trop souvent incomplètes, tardives et peu ambitieuses. Et même si elles étaient pleinement appliquées, les trajectoires actuelles conduiraient encore à un réchauffement compris entre 2,1°C et 2,8°C, bien au-delà des objectifs fixés par l’Accord de Paris (UNEP - 2024). Enfin, la question du financement climatique demeure un point de blocage majeur. L’aide aux pays en développement reste largement en dessous des besoins nécessaires pour assurer une adaptation efficace. Paradoxalement, les financements publics consacrés aux énergies fossiles continuent d’augmenter avec un investissement d’en moyenne 70 milliards d’euros par an depuis 2014, pour dépasser 1 400 milliards d’euros en 2023. Cette contradiction souligne la persistance d’une dépendance structurelle aux combustibles fossiles, freinant la transition énergétique mondiale (Euronews). qu'attendre de la cop30 pour l'océan ? La COP30 à Belém, du 10 au 21 novembre, sera cruciale pour l'Océan car elle vise à l’intégrer pleinement dans l'action climatique globale. Elle célèbre le 10 ème anniversaire de l'Accord de Paris et se veut la COP de la vérité et de la mise en œuvre, en mettant la science et l'investissement au cœur des décisions pour traduire les promesses en actions concrètes. Lors de l’événement, l’Océan sera mis à l’honneur. Du 17 au 20 novembre, les thématiques de la pêche et de la protection marine seront abordées de manière approfondie. Par ailleurs, un pavillon dédié à l’Océan sera présent tout au long de la COP, offrant aux parties prenantes et aux organisations l’occasion d’échanger autour de notre lien essentiel avec l’Océan, afin de promouvoir une approche plus respectueuse et d’anticiper les défis à venir. Parmi les initiatives phares, le Challenge CDN Bleues incarne cette volonté de placer l’Océan au centre de l’action climatique mondiale. Ce programme encourage les États à renforcer leurs CDN pour réduire les émissions, tout en développant des solutions concrètes d’adaptation et de résilience côtière. Cette dynamique est encourageante et témoigne d’un engagement croissant en faveur de l’Océan. Il reste toutefois des progrès à faire, fin la fin octobre, de nombreux pays n’avaient pas encore soumis leur nouvelle CDN, dont l’Union européenne. À ce jour, seuls 64 nouveaux plans ont été déposés, représentant à peine 30 % des émissions mondiales. Comme le rappelait le Président de la COP21, Laurent Fabius, lors de la Paris Climate & Nature Week “L’Accord de Paris était il y a 10 ans. La COP30 c’est dans 10 jours”. Cette phrase résonne comme un avertissement autant qu’un appel lucide à l’action. Vous avez aimé cet article ? Recevez nos articles tous les mois ainsi que les actualités liées à l'Océan chaque mois dans votre boîte mail, inscrivez-vous à notre newsletter ! Partager cet article: Partager sur FacebookPartager sur TwitterEnvoyer à un amiCopy to clipboard Poursuivez votre lecture Lutter contre l’érosion côtière, la dune du Gressier restaurée 24.10.2025 Lire la suite À la rencontre des phoques : la Fondation de la Mer se mobilise 16.10.2025 Lire la suite Protéger le Dauphin de Risso : une mission essentielle pour la Méditerranée 30.09.2025 Lire la suite Voir toutes les actualités