Les méduses, indicateurs du dérèglement de l’Océan

Alors que l’homme vide l’Océan de ses ressources, les méduses font partie des rares animaux marins qui semblent prospérer. Bien que leurs pullulations soient documentées depuis plusieurs siècles aussi bien en France qu’à l’autre bout du monde, depuis quelques dizaines d’années, leur prolifération inquiète.

Aujourd’hui, l’homme offre aux méduses un Océan propice à leur prolifération. La disparition de leurs prédateurs naturels, les poissons, par nos activités de pêche et le déséquilibre des chaînes alimentaires marines, favorisent leur développement. Tout comme la pollution par les eaux usées et les engrais, qui augmentent la quantité de nutriments dont profitent les algues puis le plancton, ce qui leur apporte de la nourriture supplémentaire.

Globalement les méduses s’accommodent plutôt bien d’un Océan dont la qualité est dégradée. Leur cycle de développement complexe leur permet une capacité d’adaptation quelles que soient les conditions physico-chimiques de l’Océan. Leur mode de reproduction qui alterne reproduction sexuée et reproduction asexuée est un atout pour occuper rapidement le milieu.

Par exemple, leurs larves adorent le plastique ! Elles s’y fixent de préférence à tout autre support, rochers, algues… Puis elles se transforment en polype (semblable à une mini-anémone de mer). Ces polypes bourgeonnent et libèrent de nombreuses petites méduses. La présence des déchets plastiques en mer favorise ainsi le stade de reproduction fixé de ces animaux. 

Les méduses sont aussi capables de survivre à de longues périodes de disette. Elles trouvent l’énergie nécessaire à leur survie en mangeant une partie de leurs organes de reproduction. Certaines espèces se mettent même en sommeil et forment des kystes qui reviendront à la vie quand les conditions seront meilleures.

Non seulement les méduses profitent de nos activités pour mieux nous envahir, mais elles sont capables d’anéantir en quelques jours nos industries de haute technologie. Les centrales nucléaires côtières et les usines de dessalement en font régulièrement les frais. Les méduses colmatent les arrivées d’eau de mer engendrant temporairement l’arrêt de l’activité. Elles sont aussi  capables de décimer en quelques jours une production aquacole en mer. Et surtout dans de nombreuses zones océaniques, elles colmatent les filets des pêcheurs.

Il est aussi fort probable que le réchauffement climatique nous apporte de mauvaises surprises. Et si, sur nos côtes, les méduses restent un animal à éviter, nous pourrions y voir arriver des espèces plus dangereuses. Le réchauffement de l’eau de mer qui dilate la zone intertropicale permettrait le passage des espèces par le cap de Bonne Espérance, dont la fameuse méduse mortelle des eaux australiennes, Chironex, appelée aussi la guêpe de mer.

Alors qu’attendons-nous pour rétablir l’équilibre des écosystèmes ? L’avenir du bon fonctionnement de l’Océan est entre nos mains.