Les larmes de sirène, une catastrophe environnementale

Le 8 décembre 2023, l’un des six conteneurs du navire marchand battant pavillon libérien, le «Toconao », est tombé à la mer, libérant ainsi 26 tonnes de granulés plastiques industriels au large du nord du Portugal. Cet incident maritime est à l’origine de ce que l’on appelle une « marée blanche », un phénomène où de nombreuses microbilles de plastique ou « larmes de sirène », se retrouvent dans les océans et sur les plages à proximité.

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Si ces 26 tonnes de granulés plastiques tombés dans l’eau ont attiré l’attention de la communauté internationale, « il faut savoir que ça ne représente que 0,016% de ce qui est perdu par année en Europe. Donc en fait c’est infime. C’est juste extrêmement impressionnant parce que ça arrive de manière massive, mais cette pollution existe toute l’année depuis plus de 30 ans » rappelle Cristina Barreau, responsable campagne déchets aquatiques chez Surfrider Foundation. Cet événement met en lumière des pollutions qui ne sont malheureusement pas si rares, leurs impacts, et surtout, les solutions envisageables. 

Les GPI, une matière à risque pour l’environnement

Les granulés plastiques industriels (GPI), sont une matière brute utilisée par les plasturgistes et transformateurs pour produire l’ensemble des objets en plastique. On estime la production mondiale annuelle entre 300 et 400 millions de tonnes. La majorité de ces GPI sont produits sous forme de granulés avec une taille moyenne comprise entre 2 et 5 mm. Lorsque ces GPI se retrouvent hors de la chaîne de production du plastique, lors d’accident comme celui évoqué ci-dessus, ces derniers représentent des risques conséquents. 

Selon la Commission européenne, chaque seconde en Europe ce sont 265 000 GPI qui se retrouvent dans l’océan. Selon l’ONG Surfrider Foundation, à l’échelle mondiale ce seraient 230 000 tonnes de ces microbilles qui finiraient dans l’environnement. 

Les surfeurs protestent contre la pollution des plages par les  microplastiques - Sciences et Avenir

Trois types d’impacts environnementaux sont notamment suspectés : les impacts physiques sur les habitats, les impacts écotoxicologiques pour les écosystèmes (biodiversité marine, chaîne alimentaire) et le risque de colonisation et de transport d’espèces. Par ailleurs, même si aucune donnée ne confirme les risques socio-économiques liés aux déversements de ces granulés, certaines activités locales pourraient se voir impactées (arrêt de la pêche, fermeture des plages, etc). 

Selon de nombreuses ONG, la perte de conteneurs en mer est mal réglementée par la législation maritime mondiale, celle-ci ne prévoyant ni sanction ni mesure préventive. En ce sens, le 16 octobre 2023, la Commission européenne a publié une proposition de réglementation pour ce secteur. Plusieurs associations ont quant à elles plaidé pour “l’approbation urgente du Traité contre la pollution plastique par l’ONU”. Certaines ont même porté plainte contre l’armateur du navire à l’origine de la marée blanche. 

Mettre en place des actions à terre pour protéger la mer

La marée de microbilles avait commencé à envahir les plages de Galice en décembre avant de toucher également les plages françaises au niveau de la façade Atlantique. S’il est malheureusement trop tard pour récupérer ces micro-déchets plastiques dans les océans, il est nécessaire de mettre en place des solutions collectives à terre pour pallier cette pollution massive. 

Comme l’indique le Cedre (Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux), en cas d’arrivages massifs de GPI, quatre techniques complémentaires peuvent être facilement mises en place :

  • le ramassage manuel,
  • la collecte par aspiration,
  • le tamisage,
  • la séparation par flottaison. 

Les groupes de volontaires des localités concernées n’ont d’ailleurs pas attendu pour organiser des collectes de ces microbilles de plastique avec les moyens dont ils disposaient.

Néanmoins, une plage saine ne signifie pas qu’il ne doit “rien y avoir dessus”. Il faut donc accorder une attention particulière lors des collectes à ne pas “tout enlever”, et ainsi faire preuve d’une certaine minutie afin de ramasser uniquement les déchets plastiques, et non l’entièreté des laisses de mer. Ces accumulations de débris naturels marins ont en effet un rôle écologique très important. De même, de nombreux espaces fragiles et protégés font l’objet de réglementation spécifique. Nous vous conseillons donc de vous renseigner avant d’intervenir sur certaines plages. 

La plateforme Un Geste pour la Mer de la Fondation de la Mer permet à chacun d’agir contre la pollution plastique en rejoignant une association ou en organisant une collecte. 

Alors n’attendez plus et rejoignez-nous ! Chaque aide est utile dans la protection des océans !