Arvik Ocean : une expédition pour comprendre l’impact de la pêche sur les cétacés

À bord du voilier Migaloo, l’équipe d’Arvik Ocean est partie de Brest en avril 2023 pour une expédition de 6 mois, Whale Being, sur les impacts de la pêche sur les cétacés en Europe du Nord, avec le soutien de la Fondation de la Mer.

Les échouages des mammifères marins connaissent ces dernières années une hausse en France : 2 423 en 2020 contre 572 en 2010 selon le Réseau National d’Échouage (RNE). Ils se déroulent pendant les périodes hivernales, selon l’Office Français de la Biodiversité, principalement dus à des captures accidentelles dans des engins de pêche.

Les échouages peuvent être la conséquence de “bycatch”, capture accessoire en français, qui concernent surtout les cétacés de petites tailles pris accidentellement dans des filets, les empêchant alors de remonter à la surface et conduisant à leur noyade. Ils peuvent aussi être le résultat des enchevêtrements qui touchent cette fois davantage les grands cétacés qui s’emmêlent dans les engins de pêche, entravant leurs mouvements et les affaiblissant jusqu’à leur mort.

Les échouages de cétacés liés à la pêche ne sont pas une problématique cantonnée à la France. 500 000 d’entre eux en seraient victimes chaque année dans le monde, soit 800 cétacés par jour.

© Arvik Océan

Après une première expédition d’un an et demi en Mer du Nord et Atlantique sur les baleines à bosse et la pollution plastique, l’association Arvik Ocean a décidé de prendre le large pour mieux comprendre cette problématique complexe et souligner les actions mises en place à l’étranger pour faire émerger des solutions en France.

Au cours de ces 6 mois passés en mer, rythmés d’une première étape sur le littoral anglais en mai puis une seconde en Islande en juillet, des rencontres avec des pêcheurs étaient programmées. Les neuf membres de l’expédition ont aussi rencontré différents scientifiques spécialistes de ces questions afin de réaliser un documentaire sur les effets des engins de pêche sur les cétacés.

L’expédition Whale Being s’est faite en collaboration avec deux ONG. En Angleterre, l’équipage a travaillé avec l’association Sussex Dolphin. Elle étudie la population des grands dauphins de la Manche, victime d’échouages importants qui inquiètent les scientifiques. Migaloo, le voilier d’Arvik a pu servir de plateforme scientifique d’observation, permettant à Sussex Dolphin d’enrichir leurs données sur cette population de dauphin encore peu étudiée. 

En Islande, Arvik Ocean a collaboré avec Whale Wise. Pendant trois semaines 13 sorties en mer ont été organisées et ont permis l’observation d’une cinquantaine de baleines à bosse. Une aide précieuse pour Whale Wise qui vise l’observation de 120 individus.

En parallèle de ces riches rencontres et collaboration scientifiques, Arvik a participé et organisé des nettoyages de plage. Une continuité logique de leur engagement lorsque l’on sait qu’une énorme proportion de déchets sur les littoraux est notamment due aux 640 000 tonnes de filets de pêches perdus ou abandonnés en mer chaque année.

© Arvik Océan

Lors de leur escale en Ecosse, sur le chemin du retour entre l’Islande et la France, l’équipage a réuni près de 130 kg de déchets en une seule collecte ; principalement des cordages, des pneus et beaucoup de macro-plastiques.

L’équipage vient de retrouver les côtes françaises, ce qui ne signifie pas pour autant la fin de l’aventure. Une fois le pied à terre, l’équipe continuera les rencontres et interviews afin d’alimenter le documentaire dont la sortie est prévue en septembre 2024. Elle s’attachera aussi à la création d’ateliers pédagogiques à destination du jeune public et d’une exposition. Les membres d’Arvik Ocean transmettront alors ce qu’ils ont appris au fur de ces mois et rencontres et diffuseront des solutions pour des pratiques et engins de pêche plus respectueux des cétacés.